« La facture sera tellement salée qu'il faudra vite rehausser la barre de l'âge et les cotisations pour les générations d'après». Expert-associé sur les questions économiques et démographiques, Maxime Sbaihi dénonce la décision du camp présidentiel de remettre en question la réforme des retraites adoptée en 2023. Dans une longue interview donnée à l'Express, l'économiste s'inquiète des conséquences coûteuses que la suppression de la réforme des retraites, mise sur la table par Élisabeth Borne, pourrait avoir sur la société actuelle mais surtout future.

Avant tout, il estime que revenir sur cette loi mettrait à mal la crédibilité du gouvernement et de leurs engagements politiques. «Au-delà des graves conséquences sur notre modèle social et sur notre économie qu’aurait une telle suspension, (...) le plus inquiétant dans cette histoire c’est le reniement de la parole politique», affirme-t-il. «Comment ne pas avoir la désagréable impression que tous ces débats interminables étaient factices et que les opposants à la réforme avaient finalement raison ?» demande-t-il rhétoriquement.

Reculer pour mieux pleurer

D'après l'expert-associé sur les questions économiques et démographiques de l'Institut Montaigne, «le coût budgétaire immédiat serait d’une dizaine de milliards d’euros de déficit social supplémentaire sur un horizon de dix ans, au moment même où nous devons trouver 120 milliards d’économies rien que pour stabiliser la dette publique». Ainsi, revenir sur une loi aussi importante pour trouver un compromis avec l'opposition revient à «brader l’avenir au nom d’une stabilité politique forcément précoce».

Maxime Sbaihi nous met en garde : repousser sans cesse la question de la dette ne rend pas son dénouement moins brutal, au contraire. Il évoque notamment la réforme des retraites en Italie et se souvient «de la conférence de presse de la ministre Fornero, annonçant en pleurs des mesures radicales dont la brutalité n’était que le corollaire du manque de courage de tous ses prédécesseurs». Un scénario dont la radicalité et l'extrême urgence «qui nous guette aussi» en cas de suppression de la réforme des retraites pour obtenir un accord notamment avec le Parti Socialiste .