La préparation du passage à la retraite n’est pas une mince affaire. Et elle pourrait même devenir un casse-tête si la réforme Borne de 2023 est suspendue. Une hypothèse avancée par l’ancienne Première ministre, aujourd’hui ministre démissionnaire de l’Education nationale, pour empêcher tout blocage parlementaire et permettre l’adoption d’un Budget pour 2026. Un projet de loi de finances qui devra impérativement être déposé au plus tard ce lundi 13 octobre en vue de son adoption d’ici la fin de l’année, a martelé le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, ce vendredi 10 octobre.

Si la suspension de la réforme des retraites est bel et bien retenue par l’exécutif, elle changerait alors la donne pour les candidats à un départ. Pour rappel, cette réforme repousse progressivement (d’un trimestre par an) l’âge légal de départ, de 62 à 64 ans, depuis le 1er septembre 2023. A cette date, la borne est ainsi passée à 62 ans et trois mois, et grimpe depuis d’un trimestre chaque année. Ainsi, «cet âge est fixé à 62 ans et neuf mois pour les travailleurs nés en 1963 qui veulent liquider leur pension en 2025», précisait à Capital Valérie Batigne, fondatrice et présidente du cabinet spécialisé Sapiendo retraite, avant le lancement du conclave sur les retraites, en février dernier.

Un âge légal de départ à 62 ans et neuf mois, ou 63 ans

C’est d’ailleurs cet âge de 62 ans et neuf mois qui pourrait prévaloir, a laissé entendre Elisabeth Borne, jeudi 9 octobre sur BFMTV : «J’entends la CFDT qui dit de geler jusqu’en 2027 le décalage de l’âge de départ à la retraite», a expliqué l’ex-locataire de Matignon. Or actuellement, c’est donc cette borne de 62 ans et neuf mois qui s’applique aux travailleurs nés en 1963, et qui peuvent liquider leur retraite depuis le 1er octobre 2025. Autre possibilité : figer à 63 ans l’âge légal de départ, soit le seuil en vigueur pour la génération 1964. Une solution étudiée par la Cour des comptes dans un rapport présenté le 20 février, et qui coûterait pas moins de 5,8 milliards d’euros au système de retraite en 2035. «Je pense que c’est cet âge de départ à 63 ans qui sera retenu en cas de suspension de la réforme», pronostique Valérie Batigne.

Quant à la durée d’assurance requise, c’est-à-dire le nombre de trimestres de carrière à valider pour prétendre à la retraite à taux plein (sans décote), elle est censée atteindre 172 trimestres pour la génération née en 1965 et les suivantes. Actuellement, pour les personnes nées en 1963, elle est de 170 trimestres, et elle doit passer à 171 trimestres pour la génération 1964. Quelle sera la borne retenue : 170 trimestres, 171 ou 172 ? Selon Valérie Batigne, ce paramètre ne devrait pas être modifié, «pour limiter le coût financier d’une suspension de la réforme. Et puis, 172 trimestres, c’est un compte rond, c’est plus pratique», explique-t-elle. D’autant qu’avec un âge légal de départ à 63 ans, cotiser 172 trimestres - soit 43 annuités - requerra d’avoir commencé à travailler dès 20 ans pour partir avec le taux plein.

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