La réforme des retraites de 2023 devrait bien être mise en pause… mais seulement pendant un an. L’annonce par le Premier ministre, Sébastien Lecornu, de la suspension jusqu’au 1er janvier 2028 de cette loi ô combien polémique - avec notamment un relèvement progressif de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans - avait pu faire naître de forts espoirs chez les actifs désireux de pouvoir liquider leurs droits au plus tôt. Le résultat ne sera pas forcément à la hauteur de leurs espérances.

Et pour cause, puisqu’«il s’agit bien d’un décalage de la réforme», tranche Pascale Gauthier, du cabinet spécialisé en bilan retraite Novelvy Retraite. L’experte a en effet décortiqué l’article 45 bis du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, qui précise les modalités de la suspension de la réforme. Et ses conclusions sont claires : «Les générations 1964 à 1968 pourront partir trois mois plus tôt qu’avec la réforme.» Ainsi, un actif né en 1964 sera en position de liquider sa retraite à 62 ans et neuf mois, contre 63 ans avec la réforme, et avec une durée d’assurance de 170 trimestres au lieu des 171 prévus dans la réforme de 2023.

Pas de gain de six mois à la retraite pour la génération 1965

Pour la génération née en 1965, le schéma est identique, avec un gain d’un trimestre à valider et d’autant pour l’âge légal de départ. «On pouvait s’attendre à ce que les personnes nées avant le 1er septembre 1965 aient un âge de départ maintenu à 62 ans et neuf mois, mais l’article 45 bis du PLFSS et le Code de la Sécurité sociale tel qu’il est rédigé plaident pour une borne à 63 ans», précise Pascale Gauthier.

Aussi, voici l’âge légal de départ à la retraite et le nombre de trimestres à valider si vous faites partie des générations 1964-1968 par rapport à la borne prévue dans la réforme des retraites :

  • 1964 : 62 ans et neuf mois vs 63 ans / 170 trimestres vs 171 trimestres
  • 1965 : 63 ans vs 63 ans et trois mois / 171 trimestres vs 172 trimestres
  • 1966 : 63 ans et trois mois vs 63 ans et six mois / 172 trimestres
  • 1967 : 63 ans et six mois vs 63 ans et neuf mois / 172 trimestres
  • 1968 : 63 ans et neuf mois vs 64 ans / 172 trimestres

La génération 1969 sera donc la première à être concernée par un âge légal de départ à 64 ans.

Un gain d’un trimestre aussi valable pour les carrières longues

Côté carrières longues, même gain pour les assurés qui ont commencé à travailler avant leurs 20 ans. «Les carrières longues ne sont pas citées dans la mesure détaillant la suspension de la réforme des retraites, concède Pascale Gauthier. Mais dans le code de la sécurité sociale, l'âge de départ anticipé est fixé à 2 années et six mois avant l'âge légal. Ainsi les assurés nés avant 1971 pourraient bénéficier de ce dispositif trois mois plus tôt», assure-t-elle. Traduction concrète : les actifs nés le 1er janvier 1966 et concernés par ce dispositif pourront partir à la retraite dès 60 ans et neuf mois (contre 61 ans dans la réforme), soit dès le 1er octobre 2026 au lieu du 1er janvier 2027. Une personne éligible au dispositif née le 1er avril 1970 pourra liquider sa retraite à partir de 61 ans et neuf mois au lieu de 62 ans, soit dès le 1er janvier 2032, contre le 1er avril 2032 avec la réforme. Enfin, à partir des générations nées en 1971, l’âge de départ pour les carrières longues sera fixé à 62 ans. La réforme prévoyait d’atteindre cette borne dès la génération 1970.

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