Les députés ont-ils sonné le glas d’une réforme des retraites qui avait amené dans les rues plus d’un million de personnes deux ans plus tôt ? Mardi 9 décembre, aux alentours de 19h30, ces derniers ont adopté, via une majorité tenant dans un trou de souris (13 voix de différence), le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2026 (PLFSS 2026). Avec, en son sein, la suspension de la réforme des retraites du gouvernement Borne de 2023 qui a instauré l’âge pivot de départ à la retraite à 64 ans. La retraite à taux plein, c’est-à-dire sans perte financière (décote), est aussi passée de 168 trimestres à 172 trimestres. Soit travailler plus et plus longtemps.

Toutefois, cette réforme s'applique de manière progressive pour les personnes nées du 1er septembre 1961 jusqu’au 31 décembre 1967. En d’autres termes, le départ à la retraite s’effectue entre 62 ans et trois mois et 64 ans, et le nombre de trimestres pour une retraite à taux plein varie de 169 à 172. Voici comment tout cela s’articule avec la suspension :

  • Pour les personnes nées entre le 1er septembre 1961 et le 31 décembre 1961, l’âge de départ est de 62 ans et trois mois. Le nombre de trimestres requis est de 169 trimestres.
  • Pour les personnes nées en 1962, l’âge de départ est de 62 ans et six mois et le nombre de trimestres de 169.
  • Pour les personnes nées en 1963, l’âge de départ est de 62 ans et neuf mois et le nombre de trimestres de 170.

Jusqu’ici, pas d’impact de la suspension sur l’âge ni le nombre de trimestres nécessaires. Cette dernière joue pour les personnes nées entre 1964 et 1968.

Les personnes nées au premier trimestre 1965, les principales bénéficiaires de la suspension de la réforme des retraites

  • Pour les personnes nées en 1964, l’âge de départ est désormais de 62 ans et neuf mois au lieu de 63 ans. Le nombre de trimestres requis est de 170 au lieu de 171.
  • Pour les personnes nées entre le 1er janvier 1965 et le 31 mars 1965, l’âge de départ est de 62 ans et neuf mois au lieu de 63 ans et trois mois. Quant au nombre de trimestres requis, il est de 170 au lieu de 172.

Les personnes nées au premier trimestre 1965 sont donc les premières gagnantes de cette suspension, en comparaison de celles nées après cette date et ce jusqu’au 31 décembre 1968. En attendant une nouvelle réforme ?

Une suspension de la réforme des retraites à l’impact minime pour les personnes nées du 1er avril 1965 au 31 décembre 1968 … jusqu’à une prochaine réforme ?

Pour les personnes nées du 1er avril 1965 au 31 décembre 1968, l’impact est plus minime que pour celles précédemment citées.

  • Pour les personnes nées du 1er avril 1965 au 31 décembre 1965, l'âge de départ est de 63 ans au lieu de 63 ans et trois mois. Le nombre de trimestres demandés, lui, est de 171 au lieu de 172.
  • Pour les personnes nées en 1966, l’âge de départ est de 63 ans et trois mois au lieu de 63 ans et six mois. Le nombre de trimestres nécessaires est de 172 pour toutes les personnes nées à partir de 1966.
  • Pour les personnes nées en 1967, l’âge de départ est de 63 ans et six mois au lieu de 63 ans et neuf mois.
  • Pour les personnes nées en 1968, l’âge de départ est de 63 ans et neuf mois au lieu de 64 ans.

Avec seulement trois mois gagnés par rapport à l'avant suspension et aucun trimestre de gagné sur la réforme (sauf pour les personnes nées aux trois derniers trimestres de l’année 1965), les personnes nées du 1er avril 1965 au 31 décembre 1968 ne bénéficient que très peu du décalage de la réforme des retraites. Pour autant, tout peut encore changer pour ces derniers en cas de nouvelle réforme à l’occasion de la présidentielle de 2027, selon le Parisien en partenariat avec l’Agirc-Arrco.

Mais déjà, avant de se projeter aussi loin, il faudra déjà que le PLFSS 2026, qui comprend la suspension, soit adopté. Reste encore donc un passage devant le Sénat et très probablement un dernier à l’Assemblée, du fait du très probable rejet du texte par les sénateurs. D’autant plus que la suspension s’est élargie au dispositif des carrières longues, inaptitude et invalidité suite à un amendement socialiste.