Quand il est question d’âge de la retraite, les Français pensent tout naturellement à l’âge légal de départ. Une borne qui devrait, comme l’a confirmé François Bayrou jeudi 26 juin, bel et bien être relevée progressivement pour atteindre 64 ans pour les travailleurs nés en 1968 ou après. Mais si atteindre ce seuil crucial vous permet de liquider votre retraite, il ne vous exonère pas d’une décote appliquée au montant de votre pension. Pension qui, pour un salarié du privé, correspond à la moyenne des revenus des 25 meilleures années de carrière, multipliée par le nombre de trimestres validés rapporté au nombre de trimestres exigés, le tout multiplié par le taux plein de 50% pour les ex-salariés du privé.

Par exemple, si vous êtes né en 1963, que vous justifiez de 170 trimestres d’assurance (soit la durée requise pour votre génération), et que votre revenu annuel moyen sur les 25 meilleures années de votre carrière s’affiche à 40 000 euros, vous percevrez une pension annuelle de 20 000 euros (40 000 x 170/170 x 50%). En revanche, si vous disposez de «seulement» 165 trimestres, votre pension sera bien inférieure à ce montant. Tout d’abord parce qu’il vous manque des trimestres et que votre ratio de trimestres validés sur trimestres exigés sera inférieur à 1. Mais aussi parce que vous allez subir une décote, c’est-à-dire une réduction de votre pension, sur le taux plein (50%), à hauteur de 0,625% par trimestre manquant. Chacun de ses trimestres occasionnera donc une perte de 1,25% sur votre retraite. Avec 5 trimestres manquants, vous toucherez donc 18 198 euros (40 000 x 165/170 x (50% - 5 x 0,625%).

Un calcul à faire, selon votre situation

Un manque à gagner certain, qu’il est possible d’annuler en partie pour les salariés qui travaillent jusqu’à 67 ans, soit l’âge d’annulation de la décote. Aussi appelé âge du taux plein automatique, il permet de partir avec le taux plein de 50%. Notre exemple, en atteignant cette borne, verra alors sa retraite annuelle passer à 19 411 euros (40 000 x 165/170).

Si un salarié doit donc attendre ses 67 ans pour éviter la double pénalité (trimestres manquants et décote), ce seuil pourrait diminuer de six mois, à 66,5 ans, si l’une des conclusions du conclave sur les retraites est adoptée par le Parlement à l’automne, dans le cadre du Budget de la Sécurité sociale. «Tous les participants se sont accordés pour améliorer la condition des personnes qui ont eu des carrières hachées, pour abaisser l’âge de la décote de 67 ans à 66,5 ans», s’est en effet félicité François Hollande, jeudi 26 juin. Une mesure qui permettrait aux travailleurs qui ne disposent pas de tous leurs trimestres de retraite de partir six mois plus tôt, sans subir de décote, donc.

Mais attention, s’il s’agit évidemment d’une bonne nouvelle, elle ne doit pas vous leurrer. Car vos trimestres manquants pour l’atteinte du taux plein (170 trimestres pour la génération 1963) vous feront toujours défaut. Et partir deux trimestres plus tôt ne fera qu’augmenter votre nombre de trimestres manquants. Pour savoir s’il vous sera plus intéressant de liquider votre pension dès 66,5 ans ou d’attendre 67 ans, vous seriez alors bien inspiré de sortir la calculatrice ou de contacter un expert en bilan retraite.

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