C’est la nouveauté de la rentrée pour les travailleurs seniors qui souhaitent aménager leur fin de carrière. Le dispositif de la retraite progressive est ouvert dès l’âge de 60 ans depuis le 1er septembre. Un retour bienvenu sur une des conséquences de la réforme des retraites de 2023, et qui permettra aux candidats de bénéficier plus tôt de ce mécanisme encore mal connu des Français. Mais en quoi consiste précisément la retraite progressive ? Quel est son impact sur vos revenus ? Comment la demander en bonne et due forme ? Valérie Batigne, dirigeante du cabinet spécialisé Sapiendo, vous dit ce qu’il faut savoir sur ce départ à la retraite particulier.

Qu’est-ce qui change pour la retraite progressive depuis le 1er septembre 2025 ?

Valérie Batigne : La nouveauté pour ce dispositif est qu’il est désormais accessible dès 60 ans. L’âge d’ouverture de la retraite progressive était jusqu’ici fixé à deux ans avant l’âge légal de départ, c’est-à-dire entre 60 et 62 ans, selon l’année de naissance du travailleur. Pour rappel, la réforme des retraites (qui repousse progressivement l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, NDLR) avait décalé cette borne d’âge. L’accord national interprofessionnel en faveur de l'emploi des salariés expérimentés de novembre 2024 (transposé dans la loi à l’été 2025, NDLR) permet de partir en retraite progressive à 60 ans. C’est beaucoup plus lisible.

Pour le reste, rien ne change. Le mécanisme consiste à être en partie à la retraite et en partie en activité. Il faut demander un temps partiel à son employeur, compris entre 40% et 80%, le complément de revenus provient de la retraite. Par exemple, si vous êtes à temps partiel à 80%, vous percevrez 80% de vos revenus d’activité et un cinquième de votre pension. Et il faut toujours avoir validé 150 trimestres pour prétendre à la retraite progressive.

A quelle perte de revenus faut-il s’attendre avec la retraite progressive ?

Il y a en effet une perte de revenus puisque la retraite est inférieure aux revenus d’activité. De plus, la retraite à laquelle vous avez droit est une pension provisoire calculée avec les éléments de votre carrière à 60 ans. Vous pouvez donc subir une décote. Pendant la retraite progressive, vous gagnez donc moins, dans des proportions variables. Par exemple, avec un temps partiel de 80%, si vous avez déjà beaucoup de trimestres validés, vous toucherez au mieux 90% de vos revenus d’activité.

La retraite progressive a-t-elle un impact sur la pension versée lors du départ définitif ?

Pendant la retraite progressive, on continue de cotiser. Quand vous liquiderez votre retraite, elle sera donc recalculée, avec davantage de trimestres. Mais les cotisations se basent sur le salaire d’activité. Dans la plupart des cas, vous continuerez de valider quatre trimestres par an, mais vous obtiendrez moins de points à la retraite complémentaire Agirc-Arrco (pour les salariés du privé, NDLR) puisque votre salaire sera inférieur. A noter que l’entreprise peut accepter de surcotiser, à 100%, même si vous êtes à temps partiel, ce qui limitera cet impact.

Seulement 31 368 personnes étaient en retraite progressive fin 2024. Pourquoi ce mécanisme est-il si peu utilisé ?

C’est tout d’abord lié à une relative méconnaissance de la retraite progressive. De plus, rappelons qu’il faut l’accord des deux parties, du travailleur et de son employeur. Ce dispositif nécessite de modifier le contrat de travail avec le passage à temps partiel, donc une organisation juridique, mais également une organisation au sein de l’entreprise, au niveau opérationnel.

Et il ne faut pas sous-estimer la complexité administrative de cette démarche. Il peut y avoir beaucoup de retard du côté de la caisse de retraite. En théorie, il faut lui adresser sa demande de retraite cinq mois avant ses 60 ans. En parallèle, il est nécessaire d’avertir son employeur deux mois au plus tard avant le début de la retraite progressive, c’est-à-dire le délai dont il dispose pour justifier son éventuel refus, refus qui doit être motivé par l’incompatibilité de la durée de travail demandée avec l’activité économique de l’entreprise. S’il ne répond pas dans ces deux mois, l’accord de l’employeur est réputé acquis. Pour maximiser ses chances d’obtenir sa retraite progressive en temps et en heure, il faut donc en théorie demander l’accord de son employeur sept mois avant.

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