Coup de bluff ou pas ? Elisabeth Borne favorable à une «suspension» de sa propre réforme des retraites

Un véritable retournement de situation. Alors qu’Elisabeth Borne avait porté la réforme des retraites lors de son passage à Matignon, elle a déclaré être favorable à sa suspension dans le contexte de crise politique que traverse le pays, au cours d’un entretien accordé au Parisien, ce mardi 7 octobre. Des propos d’autant plus étonnants puisque la ministre démissionnaire de l’Education nationale avait échappé de peu à une censure après son choix de recourir à l’article 49-3 de la Constitution pour faire passer la réforme.

«Dans le contexte actuel, pour avancer, il faut savoir écouter et bouger», lance Elisabeth Borne. Si elle reconnaît que «les retraites ont été un sujet épidermique dans notre pays», certaines «pistes d’amélioration portées par les organisations syndicales, notamment sur la pénibilité et la situation des femmes» ont la possibilité d’être étudiées. L’ancienne Première ministre reconnaît qu’aujourd’hui, cette suspension pourrait devenir légitime : «si c’est la condition de la stabilité du pays, on doit examiner les modalités et les conséquences concrètes d’une suspension».

Sébastien Lecornu a demandé à Bercy d’étudier l’impact d’une suspension

Selon elle, «aucune démocratie, surtout quand un pays est à ce point fracturé, ne peut fonctionner si chacun ne fait pas l’effort d’écouter l’autre». Peut-on y voir un message caché visant à éviter à tout prix une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale ? «C’est pourquoi je pense qu’on doit tout faire pour ne pas en arriver là. Y compris des bougés», martèle Elisabeth Borne.

Ainsi, cette idée de suspendre la dernière réforme des retraites, mesure réclamée par le Parti socialiste, ne daterait pas d’hier. En effet, toujours selon le Parisien, le Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu a demandé au ministère des Finances, il y a une quinzaine de jours, d’étudier l’impact d’une suspension de la réforme des retraites. Il «a présenté un état des lieux de toutes les discussions de ces trois dernières semaines avec l’ensemble des parties prenantes», selon son entourage, auprès de BFM TV.