Après avoir constaté la très mauvaise santé de nos finances publiques il y a trois mois, François Bayrou revient à la charge. Ce mardi 15 juillet, le Premier ministre a convié ministres, députés, partenaires sociaux et journalistes pour dévoiler les grandes lignes du budget 2026, dont les discussions débuteront à l’automne. Parmi les chantiers prioritaires du gouvernement : «la maîtrise des dépenses publiques, qui passe par la maîtrise des dépenses sociales», a-t-il rappelé. Notamment en matière de santé, car «si nous ne faisons rien, la dépense de santé augmentera de 10 milliards d’euros l’an prochain, et de 40 milliards d’euros en quatre ans» ! Une trajectoire particulièrement préoccupante alors que l’Assurance maladie accusait un déficit de 15,3 milliards d’euros en 2024.

Alors, François Bayrou l’assume : «Il faut limiter cette hausse de 10 milliards de moitié». Autrement dit, économiser cinq milliards d’euros dès 2026. Pour y parvenir, il compte s’attaquer à un sujet explosif : «mettre fin à la dérive des arrêts maladie». C’est sur les arrêts de longue durée que l’exécutif entend concentrer ses efforts. Selon les chiffres avancés par le gouvernement, la moitié des arrêts de plus de 18 mois contrôlés (soit 50 %) ne seraient plus médicalement justifiés. «Ce n’est pas acceptable dans un pays comme le nôtre, dans une période comme celle que nous vivons», a-t-il justifié, pointant une dérive jugée coûteuse et difficilement soutenable pour les finances du pays.

Le médecin généraliste ou spécialiste pourrait permettre le retour au travail

Autre «blocage» relevé par l’ex-Haut commissaire au plan : au bout de 30 jours d’arrêt, un salarié ne peut reprendre son poste qu’après l’aval du médecin du travail. Problème : ces médecins se font rares. «Des dizaines de milliers de personnes qui souhaiteraient reprendre le travail ne le peuvent pas. C’est absurde, cela pourrait permettre de faire des économies», a souligné François Bayrou. Sa solution ? Confier cette décision au médecin généraliste ou au spécialiste, «à l’exception des maladies professionnelles et des accidents du travail». En allégeant le dispositif, l’exécutif entend donc accélérer les retours… et générer des économies. Des «modifications dans nos comportements individuels qui contribueront à un meilleur équilibre de la Sécurité sociale, sans dégrader la qualité des soins», a-t-il assuré.

S’attaquer aux arrêts maladie de longue durée n’est pas totalement anodin. Si les arrêts de plus d’un an ne représentent que 3% des arrêts indemnisés en 2023, ils pèsent pourtant très lourd dans les finances de la Sécu : près d’un quart (24%) du budget total des indemnités journalières, soit environ 2,45 milliards d’euros ! Dont une certaine partie pourrait ainsi permettre de trouver les 43,8 milliards d’euros d’économies recherchées par François Bayrou et ses ministres…