
Les épisodes caniculaires de cet été sont là pour le rappeler, si besoin est : le réchauffement climatique est une réalité de plus en plus prégnante. Et les bâtiments, résidentiels comme tertiaires, y sont tout sauf étrangers, puisqu’ils représentent environ 18% des émissions de gaz à effet de serre en France, contre 19% pour l’agriculture et 31% pour les transports, selon des chiffres du gouvernement. Dans le sillage de la loi Climat et résilience de 2021, qui interdit progressivement la mise en location de passoires énergétiques, Frédéric Pedro entend apporter sa pierre à l’édifice de la lutte contre le dérèglement climatique. Fondateur, en 2023, d’une agence immobilière en ligne basée à Angoulême (Charente), Louer Facile, cet ingénieur de formation lance, en ce mois d’août, un «bail climat».
Celui-ci s’adresse principalement aux jeunes âgés de moins de 30 ans, «très concernés par les enjeux environnementaux mais dont les actions restent assez limitées», observe l’Ademe (Agence de la transition écologique) dans un rapport paru en 2023. Le bail climat de Louer Facile leur donne l’occasion de joindre les gestes aux paroles. D’abord, un candidat à la location aura beau avoir flashé sur un deux pièces meublé de 35 mètres carrés à 510 euros, à Angoulême, il ne disposera pas des clés tant qu’il n’aura pas fait un petit bilan de sa propre empreinte carbone. Ce, via l’outil «Nos gestes climat» de l’Ademe, qui l’interroge notamment sur sa façon de se déplacer (voiture, scooter, vélo, marche).
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L’abonnement transports remboursé à 50%
Une fois dans les lieux, le locataire dispose de six mois pour suivre une formation de trois heures à l’urgence écologique auprès de l’organisme La Fresque climat. Le jeu en vaut la chandelle car son propriétaire s’engage alors à ne pas augmenter le loyer durant un an. Mieux, si le locataire se déplace principalement en transports en commun ou en vélo, le propriétaire lui consent un rabais d’une cinquantaine d’euros sur le loyer, sur simple présentation de son abonnement de bus, de tram ou de métro. Cela ne va pas chercher bien loin pour le propriétaire : 50 euros, cela représente 0,8% du loyer annuel du T2 d’Angoulême à 510 euros. Pour le jeune, en revanche «les abonnements aux transports en commun coûtant environ 100 euros par an, cela lui en rembourse la moitié», souligne Frédéric Pedro.
Cette remise sur le loyer n’est pas seulement consentie aux locataires adeptes des mobilités douces mais également à ceux pouvant attester d’un engagement dans une association environnementale ou de gestes éco-responsables, mesurés par exemple par la maîtrise de leur consommation d’électricité. Frédéric Pedro avait un temps imaginé accorder ce rabais également en contrepartie de poulaillers installés dans le jardin de colocations, les poules étant très écologiques par leur alimentation, mais «cela n’a pas marché à cause du bruit», s’amuse-t-il.
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Une vingtaine de baux signés
On voit bien l’intérêt du bail climat pour les locataires, un peu moins pour les propriétaires, surtout que Louer Facile exige qu’ils proposent des logements notés au moins D sur le diagnostic de performance énergétique (DPE), c’est-à-dire des biens qui ne sont pas des passoires thermiques. «On peut imaginer qu’un locataire engagé en faveur de la protection de l’environnement fera un peu plus gaffe à l’entretien du logement», explique Fabrice Pedro. Tout en reconnaissant que ce type de bail s’adresse «forcément à des propriétaires engagés pour le climat, eux aussi». Avec une vingtaine de baux climat signés à date, le dirigeant ne doute pas d’atteindre «rapidement la centaine».




















