Alors que les débats budgétaires vont s'ouvrir à l'Assemblée nationale, la proposition d'une taxe sur les ultrariches n'en finit pas de diviser le paysage politique. Inspirée des travaux de l'économiste Gabriel Zucman, cette mesure viserait à imposer un minimum de 2% du patrimoine des ménages disposant de plus de 100 millions d'euros d'actifs. Ses défenseurs y voient une mesure de «justice fiscale» capable de rapporter jusqu'à 25 milliards d’euros par an. Mais pour le ministre de l'Economie, Roland Lescure, il y a un risque : toucher au capital, selon lui, reviendrait à affaiblir l'économie réelle.

C'est ce qu'il a répété dans les colonnes des Echos le 19 octobre. Roland Lescure s'y montre catégorique : «Il faut être très prudent sur ce qui touche l'outil de production. C'est le problème majeur de la taxe Zucman. Je ne souhaite en aucun cas que les entreprises françaises soient contraintes de vendre leur capital à l'étranger pour payer leurs impôts». Martelant : «Ne bradons pas les entreprises françaises pour remplir les caisses de l'Etat.» Difficile de ne pas y voir un avertissement, au moment où le gouvernement veut maintenir le déficit budgétaire sous les 5% du PIB en 2026, sans «matraquage fiscal».

«Le ras-le-bol fiscal n'a pas disparu»

Roland Lescure rappelle que le budget présenté par Bercy prévoit déjà «près de 14 milliards de nouveaux prélèvements, dont 6,5 milliards pour les ménages à plus forte contribution fiscale». «Il faut faire attention au ras-le-bol fiscal, qui n'a pas disparu», insiste-t-il. Le ministre redoute surtout que de nouvelles taxes, en ciblant le capital, ne fassent fuir les investisseurs et ne fragilisent encore davantage la compétitivité française. Cette taxe est également attaquée par le syndicat principal du patronat, le Medef. Son président, Patrick Martin, l'a récemment taxée de «lunaire».