
Il y a un an de cela, Patrick Martin se disait prêt à discuter d’une hausse d’impôts des entreprises. Deux gouvernements plus tard, les choses ont bien changé, tout comme le discours du patron du Medef. Alors que Sébastien Lecronu, à peine nommé à Matignon, est toujours en train de former son gouvernement, un dossier de taille l’attend : celui du budget 2026. François Bayrou ayant démissionné après le vote de confiance qu’il n’a pas obtenu, le Premier ministre et son gouvernement auront la lourde tâche d’élaborer un nouveau budget dans un temps réduit pour réduire la dette publique.
Si des économies de plusieurs milliards d’euros sont à chercher, pour Patrick Martin, il sera hors de question d’augmenter la fiscalité pour les entreprises. «Les entreprises ne peuvent pas supporter de nouveaux impôts ou des hausses d’impôts supplémentaires», a-t-il expliqué à l’occasion d’un entretien au Parisien. Au contraire, «il est même urgent de desserrer le frein à main pour relancer l’investissement», a-t-il précisé.
Menace d’une grande mobilisation des chefs d’entreprise
Patrick Martin n’a d’ailleurs pas manqué de lancer un avertissement au futur gouvernement : «si les impôts augmentent, il y aura une grande mobilisation patronale», dit-il. Une mobilisation qui ne se ferait pas sous la forme de manifestations dans les rues françaises, mais par l’organisation de meetings avec des milliers de chefs d’entreprise «de tout profil, en termes de taille, de secteur d’activité, d’origine territoriale» comme cela a déjà pu être fait par le passé. Expliquant que les politiques menées sont contraires au bon fonctionnement de l’économie, le chef du patronat a en outre estimé que les entreprises n’ont pas vocation à «être la variable d’ajustement».
Reçu vendredi 12 septembre par le nouveau Premier ministre à Matignon avec les autres organisations syndicales et patronales, Patrick Martin a rappelé une autre ligne rouge à ne pas franchir, à savoir celle d’une taxe sur les hauts patrimoines aussi appelée «taxe Zucman» et réclamée avec ardeur par les forces politiques de gauche. «Ce serait un frein terrible à l’investissement et à la prise de risque pour les entreprises», estime-t-il. «Pour certaines entreprises qui valent cher mais ne font pas encore de résultats ou ne distribuent pas de dividendes, instaurer cette taxe serait même une forme de spoliation et les condamnerait à la vente», a-t-il encore fustigé. Enfin, le grand patron a tenu à souligner qu’avec 13 milliards d’euros de prélèvements en plus en 2025, les entreprises françaises sont, à ce jour, les plus taxées parmi l’ensemble des pays de l’OCDE après déduction faite des aides que ces dernières perçoivent.



















