Les tensions montent, en pleines discussions budgétaires, entre les députés et le gouvernement. Et à Bercy, certaines mesures votées par les députés ne passent pas, notamment les mesures visant à taxer les entreprises. Le ministre de l’Économie Roland Lescure a donc tenu à s'exprimer pour alerter les députés des effets de telles taxes. Non sans ironie, dans une interview donnée à La Tribune du Dimanche, le ministre a dénoncé des mesures «peut-être liées à la perspective d’Halloween, totalement inopérantes».

Pour lui, la taxe sur les bénéfices des multinationales est «inapplicable», et vouloir financer le déficit français par «le monde entier» serait une idée très risquée pour l’économie française. «À ceux qui disent «on va avoir 30 milliards d’euros de recettes magiques», je réponds : nous 30 milliards d’ennuis magiques». Il va même jusqu’à parler de «sorcellerie fiscale».

Le pacte Dutreil dans le viseur des députés

Le ministre a toutefois défendu le pacte Dutreil, un pacte censé amenuiser la fiscalité de transmissions d’entreprises familiales françaises. Il a déclaré rester ouvert à une correction de certains excès, mais alerte sur le fait qu’une modification du pacte visant à «brader les entreprises françaises» reviendrait à «se tirer une balle dans le pied».

Pourtant, du côté du PS, le pacte Dutreil est vivement critiqué. En effet, il constitue une niche fiscale qui permet de diminuer les droits de succession lors des héritages, et aurait engendré une perte de recettes de 5,5 milliards d’euros en 2024, selon Le Monde, relayant une synthèse d’un rapport de la Cour des comptes. Pour l’heure, les mesures déjà adoptées par les députés relèvent à 45,1 % le taux de prélèvements obligatoires, alors qu’il s’élevait à 44,3 % en 2013. L’impôt sur la fortune improductive, lui, a un coût qui reste encore à déterminer.