Bercy «cherche des sous partout», tacle Agnès Verdier-Molinié sur Europe 1. La directrice de l’iFRAP, un think tank libéral, n’y est pas allée par quatre chemins après la présentation du projet de taxe visant les holdings de plus de cinq millions d’euros. Dans son éditorial diffusé jeudi matin, elle accuse le gouvernement d’entretenir une vision caricaturale des dirigeants d’entreprise : «Bercy veut nous faire croire que nos entrepreneurs sont de gros méchants profiteurs, qui mettraient tous des yachts et des chalets dans leurs sociétés holdings entrepreneuriales, alors que c’est l’exception.»

Le dispositif, qui devrait être intégré au projet budget 2026, prévoit un prélèvement de 2 % sur ces holdings. L'objectif pour le gouvernement serait de récupérer ainsi un milliard d'euros de recettes. Pour la cheffe de file du think tank, cette mesure s’inscrit dans une logique purement politique : «Pour tuer son chien, on l’accuse de la rage, c’est bien connu. Cela permet ensuite de mettre une taxe à 2% sur les holdings de plus de cinq millions d'euros.»

«Aucune évaluation des effets économiques»

La directrice de l’iFRAP tente donc de mettre en garde contre une conséquence plus large : un désintérêt croissant des entrepreneurs pour l’investissement en France. «Bercy prend des risques énormes en la matière, et notamment le risque de dégoûter les entrepreneurs en question», indique-t-elle. Elle pointe également les limites de l’analyse menée par le ministère. Selon elle, l’étude d’impact de la taxe rédigée par Bercy accompagnant la mesure reconnaît elle-même que «cette estimation ne prend pas en compte les effets comportementaux inhérents à l’instauration de la taxe».

De ce fait, aucun calcul n’a été mené sur la manière dont les acteurs économiques pourraient réagir: «En clair, ils n’ont fait aucune évaluation dynamique pour évaluer les effets de cette taxe sur l’économie française», explique Agnès Verdier-Molinié.