Après l’adoption du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2026, une question est sur toutes les lèvres : le déficit de la Sécu sera-t-il maintenu sous les 5% l’année prochaine ? Invité de RTL mercredi matin, le ministre de l’Economie a dit y croire si chacun prenait sa part dans l’effort, d’autant qu’il va falloir 4,5 milliards d’euros de soutien de l’Etat «pour renflouer les caisses de la Sécu». «J’avais parlé d’un 110 mètres haies. La dernière haie qui est celle du budget vient de remonter d’un cran», ajoutait-il.

En parallèle, le think tank TerraNova alertait sur le besoin de réaliser entre 100 et 120 milliards d’euros d’économies à moyen terme, bien plus que les prévisions du gouvernement. Cela représente environ 3 000 à 4 000 euros par ménage. «On est dans cette ampleur colossale», a confirmé sur LCI face à Darius Rochebin Pierre Moscovici, qui ne veut toutefois pas «réagir en milliards». Le président de la Cour des comptes l’a martelé mercredi soir : «Nous avons un objectif à remplir est que notre déficit soit inférieur à 3% du PIB en 2029.»

Pierre Moscovici dénonce un côté «sapeur Camember»

Si cet objectif est «tenable» également selon lui, c’est le cas «à condition qu’on respecte une trajectoire, et cela supposait qu’on soit à 4,7% cette année», a-t-il rappelé, du moins sous les 5%. Réagissant aux propos du locataire de Bercy, le président de la Cour des comptes a ironisé sur les «problèmes de tuyauterie» du gouvernement : «S’il n’y a pas les 4,5 milliards de l’Etat qui arrivent, le déficit est bien de 23,5 milliards.»

Pierre Moscovici a alors mis en garde : «Une fois qu’on aura les 4,5 milliards de l’Etat, il faut les trouver donc c’est encore du déficit», et de dénoncer au passage un côté «sapeur Camember», où on creuse un trou, on le bouche, et on creuse un autre trou. Selon l’ancien ministre de l’Economie, «il faut vraiment faire effort pendant les semaines qui viennent pour parvenir à être en dessous de 5% du déficit, sinon on n'est plus du tout dans les clous».

Reste à trouver les solutions pour mener à bien les économies nécessaires. Dans son rapport, TerraNova se montrait critique sur les orientations du gouvernement, selon lesquelles «on peut se contenter de réduire le train de vie de l'État, avec moins de fonctionnaires, ou de travailler plus, de reprendre aux très riches ou de faire payer les entreprises». L’auteur de la note, Guillaume Hannezo ajoutait : «Tout cela peut contribuer, mais aucune de ces solutions n'est à la taille.»