C’est maintenant ou jamais. Dans une interview donnée au Parisien le 19 juillet, le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici livre son point de vue sur le plan d’économies présenté par le Premier ministre François Bayrou le 15 juillet dernier. Pour lui, «il faudra juger ce plan de sérieux budgétaire, qui n’est pas un plan d’austérité, à l’aune de trois partages». Pour lui, c’est le dernier moment pour agir, et éviter une austérité brutale. «On est au pied du mur», explique-t-il.

Trois axes sont donc urgents à trouver selon lui, pour que le budget 2026 soit efficace et permette de réaliser de réelles économies : répartir de façon équitable les efforts entre l’État, les collectivités et la Sécurité sociale, donner la priorité aux économies plutôt qu’aux hausses d’impôts, mais aussi une justice sociale, avec des efforts demandés qui ne pèseraient pas uniquement sur les classes moyennes et sur les plus modestes.

Faire le choix entre réformes volontaires et austérité imposée

Pour le premier président de la Cour des comptes, ne rien faire serait dramatique pour la population à court terme. Selon lui, le paiement des intérêts de la dette publique est la dépense la plus «bête», et celle-ci ne cessera d’augmenter jusqu'en 2029 ou 2030, si aucune action n’est engagée. Il appelle donc à viser un déficit atteignant les 2,8% du PIB, pour faire redescendre la dette. Ainsi, les choix faits par le gouvernement devront porter sur des économies efficaces à long terme. Se limiter à des décisions extraordinaires, comme l'année blanche fiscale, serait donc insuffisant. Une mesure qu’il accepte cependant, sans enthousiasme et en la qualifiant de «one shot».

En ce qui concerne les mesures les plus sensibles, comme la suppression de deux jours fériés, très décriées, ou la remise en question de niches fiscales, Pierre Moscovici reste réservé, en rappelant que le compromis est aujourd’hui indispensable, et qu’il revient au gouvernement d’ajuster le plan d’économies pour ne pas bloquer le pays. Car pour lui, dans une Assemblée sans majorité absolue, «une non-censure, ça se gagne».