
Le Premier ministre et certains membres du gouvernement démissionnaire sont-ils prêts à des compromis pour éviter une paralysie du pays et une éventuelle dissolution de l’Assemblée nationale ? Il semblerait que oui, à en croire Elisabeth Borne, qui a reconnu mardi soutenir désormais une suspension de sa propre réforme des retraites, parce que «dans le contexte actuel, pour avancer, il faut savoir écouter et bouger». La mesure était réclamée aussi bien par la gauche, que par les syndicats ou le Rassemblement national.
Ministre de l’Economie pendant tout juste une douzaine d’heures, Roland Lescure s’est montré beaucoup plus critique quant à cette possibilité sur les antennes de France Inter ce mercredi matin. Pour lui, «modifier la réforme des retraites, ça va coûter des centaines de millions en 2026 et des milliards en 2027». Sans rentrer précisément dans le détail, le ministre démissionnaire a enjoint tous les partis politiques à faire preuve de responsabilité : «On a besoin qu’une majorité de l’AN se mette d’accord pour ne pas censurer un gouvernement et faire passer un budget.»
Roland Lescure espère un budget avant le 13 octobre
Roland Lescure considère que «tout le monde (doit faire) des concessions», et alerte sur ce genre d’effets d’annonce. «C’est facile de mettre des ‘plus’ dans l’atmosphère, mais face à des ‘plus’ il va falloir des ‘moins’». Si l’ancien ministre chargé de l’Industrie est «prêt à faire des concessions», il met en garde : «Elles auront toutes un prix et il faudra les financer !»
Sans être totalement alarmiste, Roland Lescure le laisse entendre : «Si on ne trouve pas des recettes ou des économies supplémentaires qui permettent d’équilibrer les comptes, ce risque (celui d’une attaque sur les marchés financiers, ndlr) existe.» Le ministre sortant doit pourtant travailler même si la situation politique est bloquée actuellement. «Quand vous êtes aux affaires courantes, vous continuez à travailler», a-t-il rappelé sur France Inter, précisant qu’il ne pouvait, en revanche, «pas prendre de décision exécutive».
Et de révéler qu’il continuait d'avancer comme s’il était ministre : «J’ai constitué un cabinet, en tout cas je suis en train de le faire, je travaille sur un budget, qui pour des raisons constitutionnelles doit être déposé d’ici le 13 octobre.» Les délais seront-ils tenus ? Roland Lescure l’espère, mais le budget devra être «différent de celui qui sortira de l’Assemblée nationale». «Ça dépend en partie de moi et de celles et ceux qui doivent négocier pour trouver des compromis», a-t-il laissé entendre.



















