
La réforme de l’abattement fiscal des retraités devrait bien avoir lieu. Annoncée par François Bayrou le 15 juillet, lors de la présentation de son plan d’économies de 44 milliards d’euros, cette mesure figure bien dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2026 présenté par son successeur Sébastien Lecornu en Conseil des ministres ce mardi 14 octobre, et que Capital a pu consulter. Au volet des ressources, son article 6 prévoit la «création d'un abattement forfaitaire en faveur des personnes retraitées», en lieu et place de l’abattement actuel de 10% dont bénéficient les retraités.
Si le Budget 2026 est adopté en l’état, cet abattement ne serait donc plus équivalent à 10% des pensions déclarées - avec un plancher de 450 euros par membre du foyer fiscal en 2025 et un plafond de 4 399 euros pour l’ensemble du foyer. Il serait remplacé par un forfait de 2 000 euros «applicable aux pensions de retraite perçues par chaque membre du foyer fiscal», précise l’exposé des motifs de la mesure.
Plusieurs centaines d’euros d’impôt en plus pour certains retraités
Pour le gouvernement, il s’agit de «mieux cibler les dispositifs applicables aux personnes retraitées sur les plus modestes». Des mécanismes qui représentent un coût important pour les finances publiques dégradées du pays et qui bénéficient «principalement aux foyers fiscaux imposables», justifie le gouvernement. Ainsi, en réformant l’abattement sur les pensions, certains retraités seront gagnants. Ce sera le cas des célibataires qui perçoivent moins de 20 000 euros de pension annuelle, ou des couples de retraités dont le total des pensions n’excède pas 40 000 euros.
Le gain pour les pensionnés concernés - environ 100 000 selon une étude de l’Institut des politiques publiques (IPP) - se limiterait à quelques euros par an, alors que François Bayrou promettait «des centaines d'euros aux retraités modestes, du bas de l'échelle» cet été. En revanche, les perdants de la mesure (1,4 million selon l’IPP) devraient s’acquitter d’un supplément d’impôt élevé : un retraité célibataire déclarant 44 000 euros de pension verra en effet sa note fiscale grimper de plus de 700 euros.
L’abattement spécifique aux petites et moyennes pensions supprimé
Et pour ne rien arranger à leurs finances, certains retraités pourraient subir un autre coup de matraque fiscal, avec la suppression de l’abattement spécifique dont profitent actuellement les contribuables de plus de 65 ans et les pensionnés invalides. Si ces derniers conserveraient cette déduction - de 2 796 euros en 2025 pour les pensions inférieures à 17 510 euros et de 1 398 euros pour celles comprises entre 17 510 et 28 170 euros -, les retraités âgés de plus de 65 ans la perdraient.
Selon l’exécutif, cet abattement spécifique «affecte la progressivité du barème de l’impôt sur le revenu tout en étant mal ciblé et peu adapté dans la mesure où, sans même l’abattement, les retraités les plus défavorisés sont non imposables». Résultat : si le gouvernement passe l’épreuve de la censure et le Budget 2026 celle du Parlement, l’écrasante majorité des retraités verra son impôt sur le revenu augmenter l’an prochain.
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