
Mission accomplie pour Sébastien Lecornu. Le Premier ministre a présenté son projet de budget 2026, en Conseil des ministres ce mardi 14 octobre, avant de le déposer au Parlement. Puis, dans l’après-midi, le chef du gouvernement a pris la parole devant les députés pour lire sa déclaration de politique générale.
Si Sébastien Lecornu a revu la copie, la première mouture du budget avait été préparée par le gouvernement de François Bayrou. Elle servira de base de travail aux députés et aux sénateurs qui ont 70 jours maximum pour examiner le projet de loi finances (PLF) et 50 jours pour le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), suivant la formule répétée à plusieurs reprises par le Premier ministre, mardi devant l’Assemblée nationale : «Le gouvernement propose, nous débattrons, vous voterez.»
14 millions de recettes supplémentaires via des hausses d'impôts
Ces derniers jours, Sébastien Lecornu est au centre de toutes les attentions. Sous la menace de deux motions de censure déposées par LFI et le RN, le chef du gouvernement subit également la pression des socialistes, qui demandent la suspension de la réforme des retraites de 2023. Le Premier ministre a fait un pas vers eux et a annoncé mardi après-midi la suspension de la réforme «jusqu’à l'élection présidentielle». «Aucun relèvement de l’âge n’interviendra à partir de maintenant jusqu’à janvier 2028», a-t-il précisé. Une conférence sur le sujet avec les partenaires sociaux sera prochainement organisée. Mais attention, le coût lié à la suspension - «400 millions d’euros en 2026 et 1,8 milliard en 2026» - devrait être «compensé par des économies», a prévenu Sébastien Lecornu.
D’autant plus que le gouvernement entend maintenir sa trajectoire budgétaire : il vise un déficit public ramené à 5,4% du PIB en 2025, puis à 4,7% en 2026, selon les projections de Sébastien Lecornu. Pour y parvenir, l’exécutif prévoit 14 milliards d’euros de recettes supplémentaires, notamment grâce à une hausse des impôts et des cotisations sociales, selon le Haut Conseil des finances publiques (HCFP). Aucune «taxe Zucman» n’est prévue en 2026, mais la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR), déjà inscrite au budget 2025, sera reconduite. Les contribuables les plus aisés (à partir de 250 000 euros de revenu fiscal pour un célibataire et 500 000 euros pour un couple) devront atteindre un niveau minimal d’imposition de 20%. Le budget instaure également une taxe sur le patrimoine financier des holdings familiales, parfois utilisées pour contourner l’impôt, dont le rendement attendu pour l’Etat est estimé entre 1 et 1,5 milliard d’euros.
Le gouvernement a décidé de prolonger partiellement la contribution exceptionnelle sur le bénéfice des 400 plus grandes entreprises françaises dont le chiffre d'affaires est supérieur ou égal à 1 milliard d’euros. Cela devrait générer 4 milliards d’euros d’économies. Le budget prévoit d'accélérer la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et de l’enterrer définitivement en 2028.
En ce qui concerne les ménages, le gouvernement a décidé de geler le barème de l'impôt sur le revenu, habituellement revalorisé en fonction de l’inflation. Cela revient à une augmentation du barème et devrait ramener 1,9 milliard d’euros à l’Etat. L’exécutif a décidé de faire du tri dans les niches fiscales via la suppression de 23 d’entre elles jugées «obsolètes» ou «inefficaces». L'abattement de 10% sur les pensions de retraite doit être remplacé par un abattement forfaitaire de 2 000 euros. Quant à la réduction d'impôts pour les dons aux associations, son plafond va doubler pour atteindre 2 000 euros de dons annuels. Autre source de ressource : la mise en place d’une taxe sur les petits colis de moins de 150 euros jusque-là exonérés, livrés par des entreprises établies hors de l’Union européenne.
17 milliards d’euros d’économies sur les dépenses publiques
En parallèle, le gouvernement prévoit 17 milliards d’euros d’économies sur les dépenses publiques notamment via le gel des salaires de la fonction publique ainsi que des prestations sociales, dont les pensions de retraite. Le tout lui ferait économiser 3,6 milliards d’euros. Le gouvernement souhaite aussi réduire les crédits ministériels. Ce ne sera pas le cas du portefeuille des armées dont le budget va augmenter de 6,7 milliards d’euros, un effort «indispensable» selon Sébastien Lecornu face au «durcissement du monde».
Les aides de l’Etat aux entreprises vont être réduites pour un total de 1,5 milliard d'euros. Le dispositif de subventions pour les rénovations énergétiques du bâtiment, MaPrimeRénov, sera recentré pour les rénovations d’ampleur, sur les logements prioritaires. Quant au projet de budget de la Sécurité sociale, il prévoit de réduire le déficit de la Sécu à 17,5 milliards d’euros en 2026, après 23 milliards d’euros en 2025.



















