A l’occasion de sa conférence de presse du 25 août, François Bayrou a confirmé avoir décidé d’engager la responsabilité de son gouvernement le 8 septembre prochain lors d'un vote de confiance, qui aura lieu juste après une déclaration du Premier ministre de politique générale. Pour lui, l’objectif de ce vote est simple, à savoir obtenir l’aval des députés quant à son plan d’économies pour 2026, qui court jusqu’en 2030. «Notre pays est en danger car nous sommes au bord du surendettement», a martelé le Premier ministre, qui veut enclencher une dynamique favorable au désendettement.

Parmi les mesures et les objectifs de ce plan d’économies, il y a celui de ramener le déficit public de la France de 5,4% du PIB en 2025 à 4,6% du PIB en 2026. Mais ce déficit sera toujours le plus haut de la zone euro, souligne The Conversation. Pour parvenir à cet objectif, François Bayrou présente un effort global de 43,8 milliards d’euros. Derrière cette somme, c’est un calcul vivement contesté de Bercy qui se cache. En effet, le ministère de l’Economie estime les dépenses publiques à 1 750 milliards d’euros en 2026, et souhaite les limiter à 1 710 milliards pour atteindre l’objectif. Le chiffre est aujourd’hui critiqué, car au lieu de se baser sur les dépenses publiques de fait de 2025, le calcul se base sur des projections en 2026 si aucune mesure n’était prise, ce qui gonflerait artificiellement les chiffres.

Une «année blanche» pour les retraites et prestations sociales

Pour atteindre cet objectif d'économies, le gouvernement prévoit donc 14 milliards de recettes et 30 milliards d’économies. Des économies qui se répartiraient entre l’État (4,8 milliards), les opérateurs publics (5,2 milliards), les collectivités locales (5,3 milliards) et surtout la sécurité sociale. Le gouvernement envisage donc une année blanche en 2026, avec des prestations sociales et retraites qui seraient gelées. Cette mesure devrait selon le Premier ministre générer 7 milliards d’euros d’économies, mais elle touchera d’abord les ménages modestes.

Par ailleurs, le Premier ministre souhaite également réduire le budget de l’assurance maladie de 5 milliards d’euros. Pour cela, il envisage un doublement à 100 euros de la franchise annuelle, un durcissement de l’accès aux affections de longue durée, ou encore des économies faites sur les transports sanitaires. Les dépenses de l’Etat seront aussi gelées au niveau de 2025, sauf pour la défense ou pour la charge de la dette. De leur côté, les ménages seront durement touchés par ces économies. Selon ce plan, le gel du barème de l’impôt sur le revenu, qui est normalement indexé sur l’inflation, rapporterait 1,8 milliard d’euros supplémentaire, et ferait alors entrer 400 000 foyers dans l’impôt. Il y a également une suppression de deux jours fériés envisagée, vivement critiquée par les syndicats qui considèrent que cette mesure revient à rétablir une «corvée» non payée.

Des mesures contre les hauts revenus et l'évasion fiscale

François Bayrou s’est exprimé une nouvelle fois ce mardi 26 août pour apporter de nouvelles précisions sur son projet de budget. Il s'est dit favorable à un «effort spécifique» pour les plus aisés, et notamment «ceux qui optimisent leur fiscalité». Dans cette logique, le chef du gouvernement a annoncé que «les niches fiscales qui profitent d’abord aux ménages aisés et aux grandes entreprises seront supprimées chaque fois qu’elles seront constatées comme injustes et inutiles». Il a également annoncé la préparation d’un projet de loi destiné à «renforcer la lutte contre l’évasion fiscale».

Affichant sa confiance «pleine et entière» envers les partenaires sociaux, le Premier ministre a proposé de leur confier la gestion des «principaux piliers du système de protection sociale». Les conditions d’indemnisation des jeunes et des seniors au chômage devront aussi être réexaminées dans le cadre de ce dialogue. Enfin, François Bayrou a accentué la pression sur les députés. A treize jours du vote décisif, il les a appelés à choisir «entre le chaos et la responsabilité».

Un vote incertain à l’Assemblée nationale

A l’Assemblée Nationale, la bataille s'annonce très rude pour le gouvernement, voire perdante. Unanimement, le RN, LFI et les Écologistes ont annoncé qu’ils voteraient contre la confiance le 8 septembre prochain. Même les Républicains et une partie du camp présidentiel sont réticents, rappelle The Conversation notamment en ce qui concerne les ponctions sur les entreprises. Le risque pour François Bayrou est donc clair : tomber dès septembre, comme cela avait déjà failli se produire fin 2024.

Pourtant, si rien n’est fait, la charge de la dette française à 74 milliards en 2025, pourrait grimper à 90 milliards sans action gouvernementale et poursuivre son ascension. Alors pour le gouvernement, les marges de manœuvre sont de plus en plus maigres.