Souvenez-vous. En janvier, la proposition de la ministre du Travail, Astrid Panosyan, de mettre à contribution les retraités les plus aisés, avait fait polémique. Six mois plus tard, le Premier ministre veut lui aussi faire davantage participer les seniors français. Mardi 15 juillet, François Bayrou a présenté les grandes orientations de son ambitieux budget 2026, avec pour objectif un effort de 43,8 milliards d’euros. Parmi les mesures annoncées, le Premier ministre a évoqué une «année blanche».

L’idée consiste à geler certaines dépenses de l’Etat habituellement indexées sur l’inflation, comme les prestations sociales, le barème de l’impôt sur le revenu ou encore les pensions de retraite. Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), les pensions de retraite devaient en principe être revalorisées à hauteur de 1,1% en janvier 2026.

Le gel de l’indexation des pensions de retraite sur l’inflation

«Les retraites ne vont pas baisser, elles seront maintenues au niveau de cette année», s’est engagé François Bayrou qui a parlé d’un «effort important mais temporaire et juste». La désindexation des pensions de retraite par rapport à l’inflation compte déjà quelques partisans. Plusieurs parlementaires du camp gouvernemental ont défendu cette mesure qui a également été proposée par le comité de suivi des retraites (CSR). Le groupe de cinq experts composé par le gouvernement a proposé le 10 juillet dernier de recourir à cet outil afin de rétablir l’équilibre du système d’ici 2030.

L’OFCE estime que le gel des pensions de retraite rapporterait à l’Etat 3,7 milliards d’euros tandis que l’Institut des politiques publiques (IPP) table plutôt sur 3 milliards d’euros d’économies. En revanche, l’OFCE souligne certains effets de bord. Si le gouvernement a effectivement recours à l’année blanche, «près de 10 millions de ménages dont la personne de référence est retraitée» perdront «environ 1% de leur niveau de vie».

Le Premier ministre a également mentionné l’abattement de 10% dans le calcul de l'impôt sur le revenu qui bénéficie aux retraités depuis 1978, dont certains veulent voir la suppression. Le président du Conseil d’orientation des retraites (COR), Gilbert Cette, avait calculé en janvier 2025, qu’une telle mesure aurait «un rendement annuel d’environ 4 milliards d’euros». Dans la soirée, le ministre de l'Economie, Eric Lombard, a apporté quelques précisions : «On va transformer la déduction de 10% des revenus en une déduction de 2 000 euros pour tout le monde», a-t-il indiqué sur France 2. Ainsi pour «tous les retraités qui sont au début de l'échelle des impôts (...), leur fiscalité va baisser». «En compensation, la fiscalité des retraités qui gagnent plus de 20 000 euros par an sera légèrement augmentée», a expliqué le ministre.

La totalité des mesures présentées par François Bayrou seront discutées à l’automne au Parlement lors de l’examen de la loi de finances pour 2026. Selon le COR, le niveau de vie des retraités français reste «élevé en comparaison européenne». Leur taux de pauvreté «monte vite», alerte pourtant l'économiste Michaël Zemmour, rapporte l’AFP.