C’est une période difficile pour les jeunes diplômés. Alors que le marché de l’emploi s’est largement contracté ces derniers mois, une étude de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), publiée mardi 4 novembre, révèle que les titulaires d’un bac+5 ont de plus en plus de mal à trouver un premier job. Le taux d’emploi des jeunes ayant terminé leurs études en 2023, mesuré en 2024, atteint en effet 72%, soit une baisse de 2 points par rapport à l’année précédente. «Après trois années de croissance soutenue, les recrutements de cadres ont sévèrement fléchi en 2024. Cette contraction s’explique par la chute de l’investissement des entreprises, durement affectée par les incertitudes politiques. Comme on peut le constater à chaque retournement du marché, l’insertion des jeunes diplômés a été affectée», explique l’Apec.

Si l’insertion sur le marché du travail des jeunes cadres a reculé dans toutes les disciplines, ce sont les diplômés en droit, économie et gestion qui paient le plus lourd tribut avec un taux d’emploi qui recule de 4 points sur un an, pour atteindre 69% en 2024. Pour les diplômés des écoles de commerce, qui relèvent des spécialités de gestion, l’insertion s’est aussi davantage grippée que la moyenne (-4 points pour un taux d’emploi de 66%). A l’inverse, le taux d’emploi des bac+5 diplômés en sciences, technologies et santé (76%) et notamment les ingénieurs (77%), résiste mieux que la moyenne, preuve que ces profils restent particulièrement recherchés. Avec un taux d'emploi qui s’élève à seulement 59% un an après la sortie d’école, ce sont les diplômés en lettres, langues et arts qui éprouvent le plus de difficultés pour trouver un job.

La durée de recherche d’emploi s’allonge

Malheureusement pour les jeunes qui terminent leurs études, la situation devrait empirer dans les prochains mois. Selon les prévisions de l’Apec, le nombre de recrutements de cadres débutants va encore chuter de 16% en 2025, après avoir déjà reculé de 19% en 2024. «Ce recul tient en grande partie à la mauvaise orientation des services à forte valeur ajoutée, comme les activités informatiques, l’ingénierie, ainsi que les services juridiques, comptables et de conseil, qui constituent traditionnellement des viviers d’opportunités pour les jeunes diplômés», souligne l’Apec.

Sans surprise, ce ralentissement du marché du travail complique considérablement la tâche des jeunes diplômés, qui sont 84% à juger leur recherche difficile selon l’étude. Plus inquiétant encore, près de la moitié des bac+ 5 (43%) qualifient leur recherche d’emploi comme étant «très difficile», soit une hausse de 21 points par rapport à 2022, dernière année avant le retournement du marché. Questionnés sur les principaux obstacles à l’emploi pendant leur première année de vie active, les jeunes ont d’abord cité le manque d’expérience professionnelle (79%) puis le manque d’offres d’emploi dans leur métier ou leur secteur d’activité (54 %).

Conséquence directe de la baisse des recrutements, la durée des recherches d’emploi s’allonge pour les diplômés. Selon l'enquête, la majorité des jeunes qui ont trouvé un emploi a dû postuler plus de 30 fois avant d’obtenir leur poste actuel (57%), soit une nette progression par rapport à la promotion 2022 (31%). Un chiffre qui monte même jusqu’à 70% pour les titulaires d’un diplôme d’école de commerce. A noter que les diplômés d’un Bac +5 en 2024 ont également dû s’engager plus longtemps dans leurs recherches avant qu’elles n’aboutissent. Pour 38% d’entre eux, les démarches pour trouver leur poste actuel ont en effet duré au moins 6 mois, ce qui était le cas pour seulement 18% des diplômés de 2022.