
Une fois hors du circuit, difficile d’y remettre un pied : les seniors peinent à retrouver le chemin du bureau. Ce n’est pourtant pas faute d’essayer. Auprès de Capital, Catherine dénonçait il y a quelques jours l’obstacle qu’est devenu son âge auprès des recruteurs. Mais si la discrimination à l’embauche des seniors est évidemment une réalité, elle ne suffit pas à expliquer seule les difficultés de ces demandeurs d’emploi pourtant chevronnés. A ce sujet, une enquête de l’Unédic publiée en mars 2024 nous donne d’autres éléments de réponse. A commencer par «un état de santé dégradé [ou] des caractéristiques de l’emploi recherché différentes», puisqu’un demandeur d’emploi plus âgé pourrait préférer des horaires flexibles, ou avec moins de temps de trajet, par exemple.
Tout cela explique très certainement pourquoi les chômeurs de plus de 55 ans restent deux fois plus longtemps sans emploi que le reste des Français – 713 jours en moyenne, contre 312 jours pour l’ensemble des demandeurs d’emploi, selon la Dares (chiffres du troisième trimestre 2023). Cela est d’autant plus vrai pour «les personnes qui occupaient un même emploi depuis plus de 10 ans [qui peuvent] rencontrer des difficultés dans leur recherche d’emploi». Notamment parce qu’ils ne connaissent pas toujours les étapes de la recherche d’emploi ou bien à cause d’un «projet professionnel qui n’avait pas été réfléchi depuis un certain temps».
Un décrochage du retour à l’emploi à partir de 50 ans
Dans ce retour vers l’emploi, certains allocataires de l’assurance chômage s’en sortent mieux que d’autres. D’abord les plus jeunes : «Entre 40 et 49 ans, un allocataire sur trois a repris un emploi durable», rapporte ainsi l’Unédic. Par «emploi durable», comprenez un contrat d’au moins six mois, ce qui ne signifie pas forcément un contrat à durée indéterminée (CDI). Pour cette tranche d’âge, les autres demandeurs d’emploi ont soit enchaîné des missions courtes de moins de six mois (un sur quatre), soit décidé de se lancer à leur compte.

Mais passé le cap des 50 ans, les choses se compliquent. Alors même que l’âge de la retraite est encore loin pour eux, «l’accès à l’emploi durable s’érode de 17%», soit une baisse de cinq points en seulement cinq ans. Autrement dit, à 50 ans, environ un demandeur d’emploi sur trois retrouve un contrat de plus de six mois après un an de chômage. Mais à 56 ans, ils ne sont plus qu’un quart à y parvenir. «Il y a ensuite une accélération de la chute, qui pourrait être renforcée par la proximité à la retraite», estime le gestionnaire de l’assurance chômage. A tel point qu’à 59 ans, le couperet tombe : seuls 4 allocataires sur 10 retrouvent une activité un an après leur entrée au chômage. Parmi eux, une majorité décroche des contrats précaires (18%), tandis que 13% signent un contrat de plus de six mois et 7% optent plutôt pour une activité non salariée.
Un moindre accès à l’emploi pour les salariés licenciés pour inaptitude
L’Unédic souligne aussi le cas très particulier des salariés licenciés pour inaptitude. Déjà fragilisés par des problèmes de santé, ils galèrent encore plus que les autres à retrouver un emploi. Pour preuve, «à 50 ans, un an après l’entrée au chômage, l’accès à l’emploi durable des allocataires qui avaient été licenciés pour inaptitude est inférieur de 9 points à celui des autres licenciés». Un fossé qui s’élargit à mesure que l’âge du chômeur avance, puisqu’à 56 ans, «cet écart se creuse de 4 points supplémentaires : leur accès à l’emploi durable est deux fois plus faible [que les autres allocataires]», alerte l’assurance chômage. Un constat particulièrement préoccupant que le nombre de licenciements pour inaptitude explose avec l’âge, les ennuis de santé devenant plus fréquents avec le temps.



















