Le déficit public français dépassera bien les 6% du PIB cette année, pour atteindre 6,1%, contre 4,4% initialement attendus dans le PLF 2024, a confirmé ce mercredi 6 novembre par le projet de loi de fin de gestion pour 2024 (PLFG) - un texte qui fixe les ajustements budgétaires à réaliser en fin d'année - présenté ce jour en Conseil des ministres.  Pour limiter le dérapage, le PLFG prévoit des annulations de crédits supplémentaires de 5,6 milliards d'euros, qui s'ajoutent aux 9,4 milliards d'euros qui avaient déjà été annulés par le gouvernement précédent.

Dans le même temps, des crédits ont été ouverts pour un montant de 4,2 milliards d'euros permettant notamment d'assurer des dépenses imprévues, notamment le coût des élections législatives anticipées de l'été dernier et les soutiens à la Nouvelle-Calédonie. Le PLFG devrait être examiné à partir du 19 novembre à l'Assemblée nationale, après le vote sur l'ensemble du projet de loi de finances pour 2025.

Déjà, fin septembre, le ministre du Budget Laurent Saint-Martin avait déclaré devant la Commission des Finances de l'Assemblée nationale : «Oui, la situation de nos finances publiques est grave, et je n'irai pas par quatre chemins : en 2024, le déficit public risque de dépasser les 6 % du PIB, selon les dernières estimations dont nous disposons». La France fait actuellement l'objet, avec six autres pays, d'une procédure pour déficit excessif devant la Commission européenne.

Moins de recettes fiscales qu'attendu

M. Saint-Martin avait détaillé les deux «principales raisons» du dérapage massif du déficit public en 2024 : d'abord des recettes fiscales «moins importantes que ce qui était attendu», un écart qui s'explique, selon lui, «par la composition de la croissance, davantage tirée par les exportations que par la consommation», engendrant moins de TVA qu’espéré.

Un certain attentisme des entreprises

Cela s'explique aussi «par l'attentisme des acteurs économiques depuis quelques mois, et qui dit moins d'activité dit moins de recettes», avait-il alors déclaré. Les entreprises en particulier ont suspendu de nombreux investissements et embauches en attendant de savoir quel Premier ministre succéderait à Gabriel Attal après la dissolution de l'Assemblée nationale. Par ailleurs, «les dépenses des collectivités territoriales ont été plus élevées que la trajectoire ne le prévoyait, de l'ordre de 16 milliards d'euros pour 2024».