A peine déposée, la mesure fait déjà débat. Parmi les 1 700 déposés par les sénateurs au projet de loi de financement (PLF), un a attiré l’attention de tout le monde. Mis en avant par les socialistes, il vise à contraindre les plus aisés à faire crédit à l’Etat. Un «emprunt forcé», fustigé par le ministre de l’Economie, qui concernerait environ 20 000 foyers, ceux dont le revenu imposable est supérieur à 1 million d’euros ainsi que ceux dont le patrimoine est d’au moins 10 millions d’euros.

Ces contribuables devraient ainsi prêter de l’argent à l’Etat à taux zéro, pour un rendement prévu entre 5 et 6 milliards d’euros. Une bonne idée ? Non, selon l’économiste Henri Sterdyniak. Interrogé sur cette nouvelle mesure sur LCI, le cofondateur de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et des Economistes atterrés, considère qu’il ne s’agit pas «d’une très bonne idée dans la mesure où on a besoin de tous faire un effort».

Une maigre économie de 130 millions d’euros par an

Il rappelle que le gouvernement compte déjà demander des efforts aux plus pauvres «avec la non-indexation de certaines prestations», mais également aux autres contribuables «avec la non-indexation des barèmes de l’impôt sur le revenu». L’économiste concède que, «naturellement, il faut demander un effort aux plus riches». Toutefois, cet effort, «ça pourrait être tout simplement d’augmenter leurs impôts de ces malheureux 5 milliards et pas demander cet emprunt de 5 milliards», raille-t-il.

Pour terminer, l’économiste a tenu à rappeler que la France n’avait «aucune difficulté à s’endetter» et qu’elle le faisait justement «à cinq ans à 2,7%». Résultat : cet emprunt «nous rapporterait les intérêts», à savoir environ 130 millions d’euros par an, estime-t-il. «Une petite économie», souligne-t-il, ironisant même : «Ce n’est même pas la peine de l’évoquer.»

«Le ministre des Finances, quand il se lève le matin, il a quand même pas mal de problèmes à régler. Heureusement, il y en a un qui ne lui pose pas de problème, c’est le financement de la dette», avait rappelé plus tôt dans la journée Roland Lescure mercredi. Et d’ajouter : «Aujourd’hui, les gens continuent de prêter à la France, et c’est tant mieux.»