
Selon les données les plus récentes de la Cour des Comptes, le déficit public s’est aggravé en 2024 pour atteindre près de 175 milliards d'euros, soit 6% de PIB après 5,5% en 2023 et 4,7 en 2022. La dette publique culmine désormais à près de 3 300 milliards d'euros. Le document note que «l’année 2025 est déterminante pour engager l’ajustement budgétaire nécessaire que la Cour évalue à 110 milliards d'euros». C'est dans ce contexte qu'Eric Lombard a pris la parole sur BFMTV le 13 avril, pour exposer les grandes lignes du budget 2026 déjà dans les starting-blocks, après un budget 2025 livré, l'an dernier, dans la douleur.
L'objectif de déficit «de 4,6% du PIB en 2026 exige 40 milliards d'euros d'efforts supplémentaires» annonce le ministre. Cet effort «très considérable» reposera «essentiellement sur des économies», a-t-il précisé. Le cap des 3% de déficit en 2029 reste inchangé malgré le scepticisme affiché par les agences de notation, dont Moody's qui a toutefois maintenu récemment la note de la France à Aa3.
Pas de hausse d'impôts pour les foyers modestes, mais un travail sur la suroptimisation fiscale
Quelle répartition entre économies et hausses d'impôts ? Il est encore «trop tôt» pour le dire, balaie le ministre. Mais ce dernier insiste : «Ce sera surtout des économies», excluant toute hausse d'impôts «pour les foyers les plus modestes». Hors de question également de reconduire l'impôt exceptionnel sur les grandes entreprises. Eric Lombard dit toutefois travailler, avec les ministères concernés, sur une régulation de la «suroptimisation fiscale, dans un souci d'équité».
Aux journalistes qui évoquent une cure d'austérité, le ministre s'en défend : «Ce n’est pas le bon mot, car la réalité est que nous dépensons en dépenses publiques 57% de la richesse nationale. C’est 10% supérieur à la moyenne européenne. Nous dépensons beaucoup et nous pensons que nous pouvons dépenser mieux.» Alors, comment trouver ces 40 milliards d'euros supplémentaires sans hausse d'impôts ? D'abord, en ciblant sur un retour aux prévisions de croissance à 0,9% pour 2025, récemment abaissées à 0,7% en raison de la guerre commerciale de Donald Trump.
Un comité d'alerte se réunit mardi 15 avril
Quant aux autres pistes, le ministre reste prudent et ne se hasarde pas à donner trop d'«indices» en attente, le 15 avril prochain, du comité d'alerte avec les partenaires sociaux et parlementaires ainsi que le Premier ministre. Cette réunion répond à «l'état d'urgence budgétaire» dans laquelle se trouve le pays. «Nous devons, chaque année, verser à nos créanciers des sommes croissantes, constate Eric Lombard, l'an dernier cela représentait plus de 50 milliards d'euros, et cette années près de 70 milliards. C'est beaucoup plus que le budget de la Défense!» Il est donc impératif de stabiliser la dette, et pour cela, il faut réduire le déficit.
Le ministre a consenti cependant à livrer quelques informations. Entre autres, le maintien de l'effort demandé aux plus grandes fortunes françaises, soit 2 milliards d'euros de recettes prélevées au total sur «quelques dizaines de milliers de contribuables». Mais attention, précise-t-il, il ne s'agit pas d'un «retour de l'ISF» : «Je souhaite que cette contribution soit pérenne pour les personnes ayant des hauts revenus ou des hauts patrimoines ou les deux. C'est une question d'équité, nous demandons beaucoup d'effort à tous, ce signal de solidarité me semble nécessaire».
Âge de départ à la retraite : «C'est aux partenaires sociaux de se prononcer»
Taxer les retraités les plus aisés ? Augmenter le prix des médicaments ? Ces questions seront abordées lors de la réunion de mardi. «Si ces idées font l'unanimité, elles seront proposées au Parlement» tranche Eric Lombard. Par ailleurs, questionné sur l'âge de départ à la retraite qui est toujours au cœur du «conclave» dédié – 62 ans ? 64 ans ? –, «c'est aux partenaires sociaux de se prononcer. Je les laisse travailler», résumant simplement d'un cryptique «tout est possible».


















