«Ralentir la dépense c’est essentiel», a déclaré Amélie de Montchalin, mercredi 2 juillet sur Sud Radio. La ministre des Comptes publics s’est dite favorable à «une pause» sur certaines dépenses publiques pour 2026 : c’est ce qu’on appelle une «année blanche». Cette option est inévitable pour la ministre. «Je pense que dans la situation où nous sommes» avec un déficit public espéré à 5,4% du PIB en 2025, puis à 4,6% en 2026, il faut remettre «nos dépenses en face de nos priorités».«Tout le monde voit bien qu’il y a des dépenses que nous ne pouvons plus nous permettre», a poursuivi Amélie de Montchalin.

Alors que le gouvernement a annoncé un effort de 40 milliards d’euros au budget de l’année prochaine afin de ramener le déficit public sous la barre des 3% en 2029, la ministre des comptes publics n’est pas la seule à envisager le recours à «l’année blanche». La mesure consiste à conserver le budget 2025 pour l’année suivante sans l’ajuster à l’inflation comme c’est normalement le cas.

Vers une «année blanche» en 2026 ?

À la question de savoir si c’était une bonne idée, la ministre a répondu «ça dépend sur quoi on l’applique», estimant qu’«il y a plein de manières de le faire». Le gouvernement pourrait choisir de geler les prestations sociales, le barème des impôts, les dotations aux collectivités ou encore les crédits attribués aux ministères.

Le gel des retraites, des prestations sociales et du barème de l'impôt sur le revenu permettrait d’économiser 5,7 milliards d’euros, selon une étude publiée par l’Institut des politiques publiques (IPP) parue lundi 30 juin. Ce chiffrage se base sur une inflation annuelle de 1,3% mais elle est attendue en moyenne à 1% en 2025 par l’Insee (Institut national de la statistique). «Cette mesure représenterait (…) 3 milliards d’euros venant du gel des pensions de retraite, 1,4 milliard d’euros du gel des paramètres de l’IR (impôt sur le revenu) et 1,3 milliard d’euros du gel des prestations sociales», détaille le rapport. Les auteurs précisent qu’avec une telle mesure «3,2% des ménages verraient leur niveau de vie diminuer d’au moins 1%».

L’estimation de l’IPP exclut un éventuel gel des dotations attribuées aux collectivités ou des crédits accordés aux ministères. Cela explique pourquoi certains défendent des économies bien plus fortes. Début juin, le député macroniste Mathieu Lefebvre a déclaré dans La Tribune qu’une telle mesure permettrait de générer jusqu’à 25 milliards d’euros d'économies.

À quelques jours de la présentation des «grands choix» du gouvernement concernant le budget 2026 annoncée pour avant le 14 juillet, Amélie de Montchalin a redit son opposition à une hausse «généralisée» des impôts. «J’exclus toute hausse des impôts générale qui pèserait sur les classes moyennes de manière indifférenciée» et «je ne souhaite pas, je ne propose pas et je ne mets pas sur la table une hausse des taux de TVA», a déclaré la ministre des Comptes publics. Elle s’est en revanche positionnée pour revoir le nombre de fonctionnaires ainsi que pour repenser la délivrance des arrêts maladie. «Il y a des choses qu’on ne peut pas se permettre, il faut qu’on soit vigilants avec nos ressources publiques», a-t-elle affirmé, ajoutant être «prête à poser la question de la suppression de la délivrance des arrêts maladie à distance»