
Faut-il, oui ou non, suspendre la réforme des retraites comme le conseille désormais Elisabeth Borne, l’ancienne Première ministre qui a pourtant porté cette réforme ? Le RN et la gauche disent oui, mais depuis, de nombreuses voix s’élèvent pour mettre en garde contre une telle mesure. Dans le gouvernement, comme Roland Lescure, ou au cœur du socle commun à l’image de députés macronistes, voire d’Edouard Philippe. Des spécialistes de l’économie s’inscrivent également en faux contre une suspension qui coûterait, selon eux, beaucoup d’argent.
C’est le cas d’Agnès Verdier-Molinié, qui dans un édito sur Europe 1, rappelle que cette réforme a été décidée en 2023 «contrainte par les agences de notation qui ne comprenaient pas qu’on soit les seuls à rester à 62 ans». Dans plusieurs autres pays européens, l’âge de départ à la retraite se situe en effet plutôt autour de 65 ou 66 ans. La réforme des retraites serait-elle un mal pour un bien comme l’affirment ses opposants ? «Ce serait en fait un mal pour un mal», analyse, la directrice de la Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques (iFRAP).
Une dette à plus de 80 milliards en 2026 ?
Agnès Verdier-Molinié met en garde contre les conséquences promises à la suite de l’adoption du budget : «Les marchés nous feront payer cette reculade avec des taux allant vers les 4%.» Elle poursuit : «Et la charge de la dette exploserait en 2026, dépassant les 80 milliards d'euros dès l'année prochaine.» L’essayiste a par ailleurs raillé «ce deal politique avec la gauche sur le dos de la seule réforme structurelle» sous prétexte qu’il «valait mieux un budget pour retrouver de la stabilité et adopter un mauvais budget pour gagner du temps». Selon elle, ce genre de raisonnement est «dramatique».
La directrice de l’iFRAP rappelle sur Europe 1 que la France a déjà 160 milliards d’euros de déficit public et que, «même avec la réforme des retraites de 2023, le système des retraites est toujours dans le rouge avec six milliards d’euros de déficit prévus pour 2026». Il faut d’ailleurs y rajouter les «15 milliards de déficits non affichés des pensions des agents de l’Etat». Agnès Verdier-Molinié détaille ensuite les chiffres liés à une annulation de la réforme, à savoir «huit milliards d’euros en plus du déficit prévu».
15 milliards par an en 2035 ?
Si l’on suspend uniquement l’âge «en se calant sur 63 ans», alors cela «coûterait 300 millions d’euros en 2026». Et d’ajouter : «L’âge, plus les trimestres, suspendus, ça coûterait 500 millions d’euros», pointant du doigt un «effet boule de neige» les années suivantes. «Rien qu’en 2027, le coût serait de trois milliards d’euros, et en 2027, 15 milliards par an en 2035». Selon elle, si on en arrive à suspendre la réforme des retraites, on tendrait vers une année blanche et un gel des pensions, ce qui serait «complètement fou».
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