
François Bayrou n’est certes plus le Premier ministre, mais le budget pour 2026 concocté par son gouvernement pourrait lui survivre, au moins en partie. Car le nouveau locataire de Matignon, Sébastien Lecornu, même s’il doit consulter cette semaine les principales forces politiques et syndicales, ne part pas d’une feuille blanche pour préparer le projet de loi de finances (PLF) pour 2026. «Le gouvernement de son prédécesseur a laissé sur sa table de nombreuses mesures d'économies prêtes à l'emploi», avance Les Echos. Parmi lesquelles la reconduction de la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR), cet impôt plancher pour les contribuables dont le revenu fiscal de référence (RFR) dépasse 250 000 euros lancé par le gouvernement Barnier fin 2024.
Mais les foyers les plus fortunés pourraient ne seront pas les seuls à participer à l’effort de redressement des comptes publics. Dans le viseur de l’exécutif figure également la réduction d’impôt pour frais de scolarité, qui serait supprimée pour le collège et le lycée, toujours selon Les Echos. Pour rappel, les parents d’un ou plusieurs enfants scolarisés bénéficient d’un avantage fiscal de 61 euros pour un collégien, de 153 euros pour un lycéen et de 183 euros pour un étudiant inscrit dans l’enseignement supérieur. Selon un rapport du Conseil des prélèvements obligatoires (CPO, rattaché à la Cour des comptes) du 14 octobre 2024, cette réduction d’impôt avait profité à quelque 2,45 millions de foyers fiscaux en 2021, contribuables qui avaient ainsi économisé 183 euros en moyenne, pour un coût total de 450 millions d’euros.
La réduction d’impôt maintenue pour l’enseignement supérieur ?
Une dépense de poids, alors même que le rapport du CPO estimait que «ces avantages fiscaux constituent un bon exemple de dépenses inefficaces et inefficientes qui ne font l’objet d’aucun pilotage en termes de ciblage ou d’évaluation». D’autant plus qu’il remarquait à l’époque une «concentration significative» de l’avantage fiscal sur les plus hauts revenus : en 2021, les deux tiers des bénéficiaires de la réduction d’impôt pour le collège se situaient dans les déciles 8 à 10 (soit les 30% des Français les plus aisés), pourcentage qui passait à 67% pour le lycée et 75% dans l’enseignement supérieur.
D’où la proposition du CPO de supprimer purement et simplement la niche fiscale pour la scolarisation d’un enfant pour augmenter l’enveloppe de bourses. Une recommandation qui serait donc suivie pour l’enseignement secondaire, mais pas pour le supérieur, en dépit du dépôt en juin 2025 d’un rapport d’information sur les bourses étudiantes, par les députés Ensemble pour la République Thomas Cazenave (Gironde) et Charles Sitzenstuhl (Bas-Rhin). Document dans lequel la suppression de la réduction d’impôt dans l’enseignement supérieur, qui bénéficiait à 1,48 million de ménages en 2024 pour un coût de 214 millions d’euros, était recommandée pour financer là encore la réforme structurelle des bourses.
Reste désormais à savoir si le gouvernement de Sébastien Lecornu inclura cette mesure dans la version définitive du projet de loi de finances pour 2026 soumise au Parlement à l’automne. Si tel est le cas et que le budget est voté en l’état, les parents concernés perdront leur avantage fiscal lors de leur déclaration 2026 sur leurs revenus de 2025.



















