«Nous nous sentons dépossédés» : c’est par ces mots, relayés par Actu.fr, que Lynda Menuet résume le sentiment d’impuissance qu’elle partage avec son mari Anthony. Propriétaires d’une maison à Talmont-Saint-Hilaire depuis 2004, ce couple d’enseignants, aujourd’hui installé à La Réunion, vit un véritable cauchemar immobilier. Leur maison, qu’ils avaient construite eux-mêmes, est occupée depuis 2019 par un locataire qui refuse de quitter les lieux, malgré le souhait du couple de vendre. Pour continuer à occuper la villa, l'homme qui a aujourd'hui plus de 70 ans fait valoir son statut de «locataire protégé».

Retour en arrière : en 2021, les Menuet informent leur locataire de leur intention de vendre le bien pour financer les études de leur fille. Le congé pour vente est adressé dans les règles, plus de six mois avant la fin du bail, précise Actu.fr. Mais en raison du statut brandi par le locataire, statut réservé en France aux personnes de plus de 65 ans aux ressources modestes, les propriétaires doivent eux-mêmes lui proposer un logement équivalent dans un rayon de 5 km. Une mission quasi impossible selon eux, alors que le loyer actuel s'élève à seulement 960 euros pour 133m2 habitables... Forcément, l'homme ne veut pas le lâcher.

Après un procès, le couple a dû rembourser les frais d'avocat du locataire

Le conflit se judiciarise. Mais en février 2023, le couple perd son procès et est même condamné à rembourser les frais d’avocat de leur locataire. «C’est la double peine. Tout s’écroule… Clairement, c’est un locataire protégé et on ne peut rien faire !» déplore la propriétaire. Depuis, le bail est reconduit tacitement chaque année, et la maison reste occupée. Le locataire, lui, assume : «Elle touche son loyer, elle n’est pas perdante ! Pour l’instant, c’est moi qui suis le propriétaire des lieux, puisque je le loue.» Quant à la justification du couple pour vendre : «Il faut arrêter de dire des conneries. Ils vivent à l’étranger, ils ont suffisamment d’argent» lance-t-il avant de couper à la discussion avec les journalistes.

Cette mésaventure suscite aussi l’indignation de l'agente immobilière à l’origine de la location. Cette dernière se dit profondément choquée : «C’est finalement toujours le locataire qui est le mieux protégé. C’est honteux, ça m’a empêchée de dormir !» Elle confie que cette histoire a changé sa manière de travailler : «Je n’ai plus envie de louer à des gens de plus de 65 ans…» Pour Lynda Menuet, cette affaire est surtout significative d'une faille du système : «Que vaut encore le droit de propriété en France, quand il suffit de remplir une case administrative pour priver légalement des citoyens de leur propre maison ?»

>> Les prix de l'immobilier et loyers dans 100 villes de France (Indicateur Capital/Fnaim/Clameur)