
Imaginez Legrand en 2025 : pas un simple acteur du secteur, mais le patron du courant, le maestro du numérique dans le bâtiment. Pendant que certains cherchent encore l’interrupteur, Legrand «éclaire la pièce à coups de résultats XXL et d’une stratégie affûtée comme un rasoir suisse. Les datacenters (centres de données) ? Legrand en fait son terrain de jeu. La transition énergétique ? Son nouveau terrain de chasse», apprécie James D. Touati (dit le Loup de Zurich), consultant, formateur, trader et président-fondateur de The Nest, interrogé par Capital.
Résultat : +11,2% de ventes hors effets de change au premier trimestre, dont +7,6% en organique (c'est-à-dire hors acquisitions et impact des variations de change), +3,3% en acquisitions. Et derrière, une marge opérationnelle de 20,7% - de quoi faire pâlir un banquier suisse - et 293 millions d’euros de bénéfices nets, soit 12,9% du chiffre d’affaires. «Pas mal pour une boîte qui pose des prises. L’Amérique du Nord ? Legrand y fait la loi : +18,7% de croissance, +20,2% rien qu’aux Etats-Unis. L’Europe, elle, tire la langue, plombée par un secteur du bâtiment qui rame comme un galérien sans rame», relève le consultant.
Santé connectée, infrastructures pour datacenters… Legrand est sur tous les fronts. Quelles perspectives ?
Mais Legrand a trouvé la parade : les datacenters, qui pèsent déjà 20% du chiffre d’affaires et galopent à +40%. «Quand d’autres bricolent, Legrand construit l’autoroute du futur. Côté acquisitions, le bulldozer ne s’arrête pas. Santé connectée, infrastructures pour datacenters… Legrand avale tout ce qui bouge (Performation, Computer Room Solutions, Linkk Busway Systems…) pour muscler son catalogue et chasser sur des terres à forte marge», souligne James D. Touati.
Résultat : un dividende en hausse de 5%, à 2,20 euros par action. Le message est clair : la direction a les reins solides et le cash coule à flots. Quels sont les objectifs de Legrand pour 2025 ? Le groupe vise entre +6% et +10% de croissance, toujours hors effets de change, avec une marge qui reste vissée autour de 20,5%. «Pas de promesse en l’air : la dynamique américaine, la folie des datacenters et la capacité de Legrand à innover font que les analystes financiers y croient dur comme fer», fait valoir le consultant.
Horizon 2030, Legrand en mode rouleau compresseur
Legrand a sorti sa feuille de route. Le chiffre d’affaires visé par Legrand à cet horizon ressort entre 12 et 15 milliards d’euros (contre 8,4 milliards en 2023, soit +60% environ attendu en 7 ans), pour «une marge toujours à 20% (la discipline, c’est l’ADN de Legrand), un cash-flow libre (flux de trésorerie d’exploitation après investissements, agrégat clé très suivi par les analystes financiers pour jauger la juste valeur d’une action en Bourse) cumulé de 10 milliards d’euros sur 2025-2030 (soit 13 à 15% des ventes chaque année) et 80% de ventes éco-responsables (Net Zéro 2050 en ligne de mire)», détaille le Loup de Zurich.
Les boosters du business de Legrand sont des datacenters en surchauffe, portés par l’intelligence artificielle et la digitalisation, des innovations à la chaîne dans l’efficacité énergétique et le smart building, une réglementation qui pousse dans le bon sens (ESG, transition énergétique…) et 5 milliards d’euros sur la table pour racheter tout ce qui peut booster la croissance externe (les acquisitions).
Quels sont les défis auxquels est confronté Legrand ? Et que dit l’analyse technique ?
Les cailloux dans la chaussure de Legrand sont «l’Europe du bâtiment (toujours fragile, attention à la casse), les droits de douane de Donald Trump (ça pique, mais Legrand ajuste ses prix et serre la vis sur les coûts) et la concurrence (certains relèvent la tête, mais Legrand garde la main)», indique le consultant. Du point de vue de l’analyse technique (analyse graphique et mathématique de l’évolution des cours de Bourse), un double top (configuration baissière classique de retournement à la baisse dite en double sommet, NDLR) s’est esquissé, donc prudence ! «L'action Legrand est surévaluée du point de vue de l’analyse technique et je suis vendeur à court terme !», avertit ainsi le Loup de Zurich.
L’action Legrand grimpe de 9,2% en six mois, portée par des résultats qui font saliver le marché. Les analystes financiers restent optimistes, mais l’action est déjà bien valorisée puisqu’elle se paie 24 fois les profits attendus pour cette année et 23 fois ceux espérés pour 2026, pour un rendement du dividende limité à 2%. Et ce, même si Goldman Sachs voit un taux de croissance de 5,5% par an (hors acquisitions et impact des changes) jusqu’en 2028, au-dessus de la moyenne historique.
Legrand peut-il décevoir les investisseurs en Bourse ?
Legrand, c’est la valeur de croissance défensive par excellence. Positionnement stratégique, innovation, acquisitions ciblées, discipline financière : la recette est là, et elle fonctionne. «Malgré les secousses du marché, les moteurs structurels de Legrand (datacenters, transition énergétique, digitalisation) devraient continuer à propulser la valeur dans les prochaines années. Legrand est branché sur le futur, et personne n’a trouvé le disjoncteur… jusqu'à ce que la tendance s'inverse (ce que laisse entrevoir l’analyse technique, selon le Loup de Zurich) ! Donc attention au pétage de plombs !!», avertit l’expert.
Les lecteurs de Momentum, la lettre d’investissement premium quotidienne de Capital sur la Bourse, ont pu acheter des actions Legrand (et les vendre) à de bons moments ces dernières années. Et notre sélection d’actions en Bourse a connu un meilleur parcours que celui du CAC 40 depuis le lancement de notre lettre d'investissement en 2021. Découvrez chaque jour notre analyse technique, financière et économique du CAC 40, des actions en Bourse et des marchés. En choisissant un abonnement annuel, 5 mois sont offerts. Pour en profiter, il suffit de cliquer sur le lien inséré ci-après.




















