
L’ascension fulgurante d’Atos finit en hécatombe. Son histoire, «c'est un peu comme passer du statut de champion à celui de punching-ball», relève James D. Touati (dit Le Loup de Zurich), consultant, formateur et trader, sollicité par Capital. Atos, c'était censé être le fleuron français du numérique, le coq gaulois qui chantait victoire dans la basse-cour technologique. Créée en 1997 (fusion d'Axime et Sligos), l'entreprise a connu son heure de gloire sous la houlette de Thierry Breton de 2009 à 2017.
Thierry Breton, «c'est un peu le Houdini de la finance. Il affirme avoir laissé Atos avec "zéro dette nette" quand il est parti en 2019. D'autres diront le contraire. Il faut toutefois rendre à César ce qui appartient à Jules, l’action s’est envolée sous son mandat», note Le Loup de Zurich. Le cours de l'action était à 13,68 euros lors de sa nomination et a ensuite été multiplié par 7, pour atteindre 100 euros, comme un boulet de canon, pour redescendre à environ 69 euros à son départ. «Alors qu’à l'époque, j’empilais les briques dans le secteur du bâtiment, Thierry Breton a empilé les boîtes en les rachetant à tour de bras. Résultat : Atos est devenu un gros poisson dans la cybersécurité, les supercalculateurs et le cloud privé. Je dirai donc simplement : "Touche pas à mon Breton" et "Laisse Breton !"», ironise James D. Touati.
La situation actuelle : un KO d’Atos
Mais aujourd'hui, Atos, «c'est Rocky Balboa à la fin du premier film, mais sans la gloire», résume l’expert. Endettement de 4,9 milliards d'euros, perte opérationnelle de 1,7 milliard d’euros au premier semestre 2024, action qui plonge de 90% en un an... Atos, «ce n'est pas une entreprise, c'est un grand huit financier ! Et avec 7 PDG en 3 ans pour Atos, on dirait un jeu de chaises musicales. Sauf que la musique commence à sentir le sapin», avertit le consultant. Aujourd'hui, Patatras ! Atos a tellement de dettes qu'il ne sait plus où donner de la tête. Alors, «le groupe a décidé de faire ce qu'on appelle une "augmentation de capital". C'est comme si vous demandiez à vos amis de mettre la main à la poche pour vous aider à rembourser votre crédit», explique le Loup de Zurich.
Concrètement, Atos va créer un paquet de nouvelles actions, plus de 63 milliards pour être précis. «Le prix de ces actions ? Une misère : 0,0037 euro par action. C'est moins cher qu'un Carambar, vous vous rendez compte ? Si vous avez déjà des actions Atos, vous avez le droit d'en acheter de nouvelles. Pour 24 actions que vous avez déjà, vous pouvez en acheter 13 497 nouvelles. C'est comme une promo "achètes-en 24, prends-en 13 497 de plus», relève James D. Touati. Du 12 au 21 novembre, vous pouvez vendre votre droit d'acheter ces nouvelles actions si ça ne vous intéresse pas. Du 14 au 25 novembre, c'est la période pour acheter ces nouvelles actions si vous êtes optimiste.
Le plan de sauvetage d’Atos
Maintenant, accrochez-vous bien : les créanciers d’Atos vont mettre 175 millions d'euros dans l'affaire. Sur ces 175 millions, il y a 75 millions de cash frais, et 100 millions d’effacement partiel de la dette d'Atos. «Même le grand patron, Philippe Salle, va mettre 9 millions de sa poche. Ça, c'est pour montrer qu'il y croit. En gros, c'est une opération de la dernière chance pour Atos. Ils espèrent récupérer de l’argent frais et alléger leurs dettes», explique le consultant.
Mais attention, si vous êtes déjà actionnaire, votre part du gâteau va être sérieusement diluée avec toutes ces nouvelles actions. «Comme on dit dans le trading, ce n’est pas parce que ce n’est pas cher que c'est une bonne affaire. Il faut rester prudent et bien réfléchir avant de se lancer là-dedans. Méfiez-vous de l'eau qui dort, surtout quand elle est trouble», conseille le Loup de Zurich.
Que dit l’analyse technique sur la trajectoire probable de l’action Atos ?
Selon l’analyse technique (analyse graphique et mathématique du parcours de l’action, pour jauger le potentiel de hausse ou de baisse en Bourse), sur le graphique de l’évolution de l’action Atos ci-dessous, «on observe plusieurs configurations graphiques classiques bien connues de la communauté financière : un fanion baissier, un biseau descendant et un range (bandeau horizontal de fluctuation des cours). A la baisse, les objectifs sur l’action Atos sont 0,4085 euro au vu du range récent, et au plus bas 0,1321 euro au regard du "fanion baissier" sur l'action. Inversement, en cas de remontée, les objectifs possibles seraient 1,0045 euro et 1,1505 euro, au vu du biseau descendant», indique le Loup de Zurich.

L'avenir d’Atos, entre espoir et désespoir
Atos essaie de se refaire une santé, «comme moi quand je me remets d'une gueule de bois après une soirée rhum», ironise James D. Touati. Le groupe a négocié un accord avec les banques pour 1,7 milliard d'euros de financement. Et Atos va convertir 2,9 milliards de dette en actions. «C'est comme transformer sa dette de bar en jetons de casino : ça ne change rien, mais ça fait moins mal aux yeux», plaisante l’expert.
Faut-il s’attendre à une nationalisation d’Atos ?! Quelles sont les perspectives ?
Le gouvernement français a évoqué une nationalisation partielle d’Atos. «C'est comme quand ton ami ivre veut conduire et que tu lui voles les clés : tu sauves ce qui peut l'être», analyse James D. Touati, pour qui les perspectives d’Atos «sont aussi floues qu'un lendemain de cuite». Les prochaines années s’annoncent a priori peu engageantes. Atos a revu ses prévisions à la baisse «plus vite qu'un trader qui voit le krach arriver», note James D. Touati. Chiffre d'affaires en berne, marge opérationnelle sous pression... Ce n'est pas encourageant. Atos espère un retour à la normale en 2026-2027, mais comme on dit dans le trading : «Les prévisions, c'est comme les parachutes. Si ça ne s’ouvre pas, tu es mort», fait valoir l’expert.
En attendant, Atos va devoir se serrer la ceinture et regagner la confiance des marchés. «C'est comme reconquérir son ex après l'avoir trompée : ça va être long, douloureux, et il n’y a pas de garantie de résultat», avertit James D. Touati. En son temps, Jesse Livermore (un spéculateur de légende ayant gagné une fortune colossale en faisant à bon escient des paris sur la chute des actions lors du krach de 1929) disait : «Le marché est un jeu d'échecs, pas un jeu de hasard.» Pour Atos, «espérons que la société a un bon joueur d'échecs aux commandes, sinon ça va être "échec et mat" plus vite qu'ils ne le pensent !», met en garde le Loup de Zurich.
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