
Les critiques sont unanimes dans l’opposition et parmi les syndicats après la présentation du budget 2026 par François Bayrou le 15 juillet. A l’exception peut-être du Medef, puisque son patron, Patrick Martin, a dit «bravo» au Premier ministre. Mais même dans le patronat, ces orientations en vue de dégager plus de 40 milliards d’euros d’économies ne font pas l’unanimité. Interrogé par BFMTV lundi 21 juillet, un ancien dirigeant de l’organisation patronale a été très critique. Sur LinkedIn, Pierre Gattaz a notamment écrit que «ce plan ne parle ni au cœur ni à l’expérience».
Patron du Medef de 2013 à 2018, Pierre Gattaz considère qu’il s’agit d’un plan «très timide quoi nous montre le précipice» et qui ne répond pas du tout aux attentes des Français. Au contraire, il faudrait montrer aux concitoyens «qu’il faut bouger, et qu’il faut faire des réformes». Des réformes auxquelles il «faut donner un sens, donner une raison d’être». Autant de choses qu’il manque dans ce plan, estime l’ex-président de BusinessEurope.
La réindustrialisation du pays est la clé
Selon lui, pour donner envie, il faut «repartir du besoin des Français» qui «veulent du pouvoir d’achat, un emploi et un emploi pour leurs enfants, de l’espoir que l’ascenseur social remarche, un logement et la fierté d’être français». Et si les Français manquent de fierté aujourd’hui, c’est que «le pays ne va pas bien», assure Pierre Gattaz, qui cite la crise économique qui dure et un certain «appauvrissement».
Pour étayer ses propos, l’ancien patron du Medef prend l’exemple du PIB par habitant (la France se situe seulement au 27e rang) et l’industrie «qui s’est écroulée». «Tout cela est très scandaleux», déplore-t-il. Si la France veut se relever, il y a cinq défis à relever : une remilitarisation du pays, traiter les sujets liés à l’environnement, le climat et l’énergie, mais également ceux de la santé et l’agriculture. Enfin, il faut s’atteler au mieux-vivre ainsi qu’à la quantique, l’intelligence artificielle et au digital. Toutes ces filières ou sous-filières nécessiteraient des ingénieurs et des usines.
«La clé de tout ça, c’est de réindustrialiser le pays», assume Pierre Gattaz. «Si on repasse de 10 à 15%, on peut recréer un million d’emplois dans l’industrie, ce qui fait un effet induit de 1,5 million dans les services (…) le commerce extérieur repart et des emplois à valeur ajoutée sont créés», martèle Pierre Gattaz. Il regrette en outre la perte de 2,2 millions d’emplois, recréés dans le même temps dans la fonction publique : «On a fait une bascule de gens productifs, sur des gens qui ne sont pas inutiles, mais qui ne créent pas de richesse.»



















