Les médecins généralistes montent au créneau après la nouvelle campagne lancée par l’Assurance maladie. Celle-ci vise à réduire les prescriptions d’arrêts de travail et provoque la colère des professionnels de santé. L’Assurance maladie a en effet lancé ces dernières semaines une campagne de «mise sous objectif» à destination des médecins généralistes les plus prescripteurs de journées d’arrêt maladie, rapporte BFM TV ce vendredi 20 juin. Elle contacte ces praticiens pour leur demander de s’engager à réduire de 20% en moyenne, selon le syndicat MG France, le nombre de jours d’arrêt maladie qu’ils délivrent.

Environ 500 médecins généralistes sont concernés par cette première vague, qui prendra effet le 1er septembre. Une seconde vague avec de «mises sous objectif» est prévue pour le 1er janvier. Cette initiative suscite la colère des syndicats de médecins. «Ce qui nous pose problème, c'est que cette nouvelle campagne ne vise que les arrêts longs», a expliqué ce jeudi dans une conférence de presse le docteur Agnès Giannotti, la présidente du principal syndicat de généralistes libéraux en France.

«Il ne s'agit ni de fraude, ni d'abus»

Selon elle, la pression pour réduire les prescriptions obligerait certains praticiens à restreindre des arrêts utiles. «Mais vous imaginez bien qu'un médecin généraliste dans son cabinet ne va pas arrêter sur une longue durée quelqu'un qui n'en a pas besoin. Il ne s'agit ni de fraude, ni d'abus, mais de patients qui en ont besoin et pour lesquels nous sommes coincés», sans autre solution pour éviter une nouvelle dégradation de l'état de santé de la personne, a-t-elle précisé. «Dans la plupart des cas», le médecin ciblé par l'Assurance maladie a «une pratique parfaitement normale et raisonnable, et son seul moyen de baisser de 20% le chiffre de prescription sera de brimer ses patients», a-t-elle indiqué.

Une première campagne, menée en 2023-2024, avait déjà suscité une vive opposition chez les médecins. Aujourd’hui, tous les syndicats recommandent aux généralistes concernés de refuser la «mise sous objectif». Ce refus entraîne alors une «mise sous accord préalable», obligeant le médecin à faire valider chaque arrêt de travail par un médecin-conseil de l’Assurance maladie.

Ce mercredi, la vigie des dépenses de santé (le comité d’alerte sur le respect de l’objectif de dépenses d’assurance maladie) a signalé que les dépenses d’indemnités journalières avaient augmenté de 6,7% sur les quatre premiers mois de 2025. Une dérive qui pourrait dépasser de 0,5 milliard d’euros la prévision faite dans le budget de la Sécurité sociale pour 2025.