
L’Aide médicale de l'Etat existe depuis 2000. S’inscrivant dans le cadre de la lutte contre les exclusions, le dispositif a été créé par Lionel Jospin et permet aux ressortissants étrangers en situation irrégulière et précaire de bénéficier d’une prise en charge à 100% de soins médicaux et hospitaliers en France. Trop permissif et trop coûteux pour la droite et l’extrême droite, l’AME est très décriée à tel point que sa suppression est demandée. Avant son vote de confiance, François Bayrou avait, lui, défendu un durcissement des conditions d’accès à l’AME, parlant de «mesure de bon sens».
Mais Sébastien Lecornu semble opter pour une autre voie. Dans l’interview qu’il a accordée au Parisien, où il dévoile sa feuille de route fiscale, le Premier ministre semble beaucoup plus mesuré. Citant un rapport datant de 2023 sur le dispositif, évoqué cette semaine avec Claude Evin (PS) et Patrick Stefanini (LR), le locataire de Matignon assure qu’il fait «des préconisations», mais «ne demande pas la suppression de l’aide médicale d’État, y compris pour des raisons évidentes de santé publique».
L’AME a coûté 1,2 milliard d’euros en 2024
Pas de suppression en vue donc, toutefois, le Premier ministre évoque «des évolutions de certains critères ou une modernisation administrative pour lutter contre les fraudes». Sébastien Lecornu préconise enfin d’«examiner cela dans le détail, en cherchant l’efficacité plutôt que les effets de manche». Pourquoi l’AME fait-elle autant polémique ? Comme le rappelle Le Parisien, le dispositif a coûté 1,2 milliard d’euros en 2024, c’est deux fois plus qu’il y a dix ans.
L’AME représente surtout 0,5% des dépenses de santé et son nombre de bénéficiaires ne fait qu’augmenter. Sur quoi les «évolutions» évoquées par le Premier ministre pourraient-elles porter ? Sans doute sur la prise en charge des soins. Aujourd’hui, les soins médicaux et hospitaliers sont pris en charge à 100%. Il faut en revanche être bénéficiaire de l’AME depuis plus de neuf mois pour les soins non urgents ou programmables.
Soutien à droite ?
Mais la gauche et les syndicats vont-ils se braquer ?, avaient déploré la CGT, la CFDT et l’Unsa. Mais d’un autre côté, Sébastien Lecornu, qui n’a pas «Ce sont des manœuvres politiciennes dont l’unique objectif est, une fois encore, de stigmatiser les personnes étrangères et d’en faire des boucs émissaires»encore formé son nouveau gouvernement, pourrait trouver du soutien sur l’aile droite de l’échiquier. Toujours dans l’optique de faire des compromis.



















