
François Bayrou a appelé à un sursaut collectif face à une crise jugée grave, ce jeudi 28 août, à Roland-Garros, lors de la Rencontre des entrepreneurs de France (REF). Pour le Premier ministre, «nous vivons un moment critique de notre histoire nationale», et tous les atouts de la France – son héritage, ses paysages, sa richesse culturelle – sont menacés par la dérive des comptes publics. «Je n’ai pas besoin d’insister auprès de vous sur la menace d’asphyxie que nous subissons : 3 350 milliards d’euros de dette accumulés sur les 50 dernières années», a-t-il déclaré face au patronat.
Avant de poursuivre : «Ces 3 350 milliards d’euros de dette nous obligent à mobiliser des sommes colossales et toujours plus importantes pour faire face à nos annuités. Nous étions au début des années 2020 à quelque 30 milliards de charges de la dette, nous sommes passés à 40 puis 50 milliards, l’année dernière en 2024 c’était 60 milliards, cette année ce sera 67 milliards, en 2026 75 milliards, et la Cour des comptes nous dit que si nous ne faisons rien nous dépasserons de loin les 100 milliards de charges de la dette en 2029.»
Une dette colossale en héritage
Le Premier ministre a illustré le mécanisme : la France crée 50 milliards de richesses chaque année. Mais la moitié est absorbée par les dépenses publiques, et 10 milliards restants servent uniquement à payer les intérêts de la dette. Le locataire de Matignon a également mis en garde contre ceux qui banalisaient le problème : «Cette dette on ne la remboursera jamais ? Tout va très bien, Madame la Marquise…». Selon lui, c’est se mentir. Il cite ainsi les exemples de l’Espagne, du Portugal ou de l’Italie dans les années 2010, contraints à des sacrifices douloureux pour redresser la barre.
François Bayrou a aussi exprimé son indignation : «Ce sont les plus faibles. Ce sont les plus fragiles, ce sont les jeunes femmes qui élèvent des enfants toutes seules, ce sont ceux qui ont des salaires moyens et plus encore ceux qui sont dans la précarité. Tous ceux qui n’ont pas voix au chapitre et qu’on condamne parce qu’on refuse d’ouvrir les yeux.»
Il a poursuivi avec une attaque sans concession contre l’indifférence envers les jeunes générations : « Une deuxième catégorie de population est victime, et c’est insupportable si on y réfléchit : ce sont les plus jeunes. Vous voulez la vérité : nous sommes en train de les réduire en esclavage en les obligeant pour des décennies à rembourser les emprunts que nous avons décidés le cœur léger. » Pour François Bayrou, le temps presse : sans sursaut, ce sont les plus fragiles et les jeunes qui paieront le prix d’une dette laissée en héritage.


















