
Alors que Shein a ouvert son premier magasin physique ce mercredi 5 novembre au BHV à Paris, le géant chinois de la fast fashion se trouve sous le coup d’une procédure de suspension et d’une demande de blocage, suite à la polémique suscitée par la vente de poupées à caractère pédopornographique, mais aussi celle d'armes de catégorie A. Dominique Schelcher, PDG de Coopérative U, a salué ce jeudi 6 novembre les décisions prises par le gouvernement, dénonçant un «cumul des non-conformités» du site de vente.
«Nous, on dit oui à la concurrence, mais loyale et à armes égales, et là, ce n’est pas le cas. Nos magasins sont extrêmement contrôlés, et à juste titre. A un moment, quand il y a répétition de non-conformité, oui, il faut aller jusqu’à la fermeture», a-t-il déclaré sur France Inter, rappelant le précédent du site de vente en ligne américain Wish, déréférencé en France en 2021. Si Shein séduit de nombreux consommateurs français, Dominique Schelcher dit comprendre «la problématique du pouvoir d’achat», «la première préoccupation des Français». Mais il met en garde : «Ce que je dis aux consommateurs, c’est pas de petits prix à n’importe quel prix. Ça ne peut pas être au détriment de leur propre sécurité.»
Agir avec la même fermeté que les Etats-Unis
Alors qu’une loi contre la fast fashion a été votée au Sénat en juin dernier, prévoyant notamment 10 euros de pénalité par article ne respectant pas les critères de durabilité, le texte est actuellement bloqué par les autorités européennes, qui jugent certaines dispositions non conformes. Dominique Schelcher appelle à une action coordonnée à l’échelle européenne : «Tout ça ne peut pas se régler qu’en France. Il faut agir au niveau européen, avec la même fermeté que l’on fait aux Etats-Unis», plaide le patron de Coopérative U. Et de poursuivre : «Quand cette déferlante de colis est arrivée aux Etats-Unis, le président Trump a décidé du jour au lendemain une taxation extrêmement forte, et le flux de colis s’est déplacé vers l’Europe, et particulièrement la France. Il faut agir vite et fort.»
Dominique Schelcher a co-signé un rapport remis ce mercredi au gouvernement sur la revitalisation des commerces de proximité, confrontés à la baisse du nombre de boutiques et de clients dans les centres-villes. Selon lui, certains centres-villes ne sont pas en déclin, mais «en mutation». «Le lèche-vitrine que nous avons tous connu il y a quelques années, les centres commerciaux qui étaient les cœurs de villes, ça c'est terminé. Parce que les Français ont changé d'habitudes, consomment différemment, vont en partie en ligne, ils scrollent sur leur canapé, ils ne font plus de lèche-vitrines, pour le non-alimentaire notamment», a-t-il assuré.
Le rapport propose 30 recommandations pour adapter les centres-villes à ces nouvelles habitudes : «On va vers un centre-ville avec plus de services, quelque chose qui s'est fortement développé c'est la restauration aussi, plus d'activité sociale… Moi, je me réjouis d'avoir découvert que l'artisanat, qui avait fui les cœurs de ville il y a des dizaines d'années, aujourd'hui revient. Donc tout ça se renouvelle», a-t-il précisé.


















