Dans l’affaire des airbags Takata, les constructeurs jouent-ils vraiment le jeu ? Pour s’en assurer, le gouvernement passe (enfin) à l’action. Jusqu’alors plutôt discret sur le sujet, le ministère des Transports a publié un arrêté imposant un dispositif d’urgence inédit aux constructeurs et importateurs de véhicules équipés de ces airbags défectueux, contenant du nitrate d’ammonium en phase stabilisée (PSAN). Ces équipements de sécurité, déjà au cœur de vastes campagnes de rappel mondiales depuis près d’une décennie, présentent un danger croissant avec le temps, jusqu’à exploser violemment, en projetant alors des éclats métalliques à travers l’habitacle. Le facteur souvent déclencheur ? Une exposition prolongée à des conditions chaudes et humides, qui accélère le vieillissement des composants.

Face à un risque avéré d’explosion, potentiellement mortelle, l’exécutif exige l’arrêt immédiat de la conduite de tels véhicules, sous peine de lourdes astreintes financières. Ainsi, cet arrêté ministériel prévoit la mise en œuvre immédiate de rappels, assortis d’un «stop drive» afin que les véhicules identifiés comme dangereux ne soient plus utilisés par leurs propriétaires, tant que les airbags n’ont pas été remplacés. Au total, plus de 30 constructeurs automobiles sont concernés, comme Citroën, Peugeot et d’autres marques du groupe Stellantis, ainsi que Volkswagen, Audi, BMW, Honda, Toyota et Mercedes, les petits derniers de la liste. Ces deux géants de l'industrie auto s’apprêtent d'ailleurs à organiser des campagnes de «stop drive» sur consigne du ministère des Transports le 10 avril. Environ 170 000 modèles sont concernés par ces nouveaux rappels.

Pour le gouvernement, il est également essentiel que chaque propriétaire soit informé individuellement, par courrier, de l’interdiction de conduire et des risques encourus. Cette information est à envoyer à l'adresse figurant sur le certificat d'immatriculation, ou le cas échéant à la dernière adresse connue par le constructeur ou l'importateur. Ce dernier est tenu, en l'absence de réponse au rappel par le destinataire, de mettre en œuvre tous les moyens à sa disposition pour rechercher activement si l'adresse courante du propriétaire actuel du véhicule a évolué. D'autres modes de communication ou d'autres courriers peuvent, de façon complémentaire, être envisagés, est-il indiqué dans le texte réglementaire.

Les conducteurs potentiellement en danger doivent aussi avoir la possibilité d’accéder à un site internet de vérification par numéro de série (VIN) se trouvant sur le pare-brise ou la carte grise, permettant à chacun de savoir instantanément si son véhicule est concerné ou bien pris en charge. Il doit être paramétré par exemple sur l'identification des airbags Takata nécessitant un remplacement (conducteur et/ou passager et/ou autre), en distinguant ceux nécessitant un remplacement immédiat, selon l'arrêté. Les constructeurs sont désormais dans l'obligation de proposer un suivi numérique centralisé de chaque dossier de remplacement et la remise d’une attestation au propriétaire dans les 24 heures suivant l’opération, et authentifiée par le cachet de l'entité qui a procédé au remplacement.

Les sanctions sont à la hauteur de l’urgence. Tout retard dans la mise en œuvre des mesures entraînera des astreintes de 100 000 euros par jour, et ce à partir du jour de la publication du texte réglementaire. Cependant, si le système d'information permettant un suivi centralisé de chaque dossier de remplacement d'airbag, depuis la manifestation du propriétaire du véhicule jusqu'au remplacement effectif, n’est pas opérationnel dans un délai de 15 jours à compter de la notification du présent arrêté, l’astreinte grimpera cette fois à 1 000 000 euros par jour de retard.

Selon le Gouvernement, 2,3 millions de véhicules embarqueraient encore ces airbags Takata, rien qu’en France métropolitaine, et 29 accidents liés à ces équipements de sécurité défaillants ont été recensés, provoquant une dizaine de décès outre-mer et un en métropole. Ce scandale lié au fabricant japonais Takata secoue le secteur de l'automobile depuis 2014.

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La liste des marques concernées par le scandale des airbags Takata

AUDI.
BMW.
CADILLAC.
CHEVROLET.
CHRYSLER.
CITROEN.
DAIHATSU.
DODGE.
DS.
FERRARI.
FORD.
HONDA.
JAGUAR.
JEEP.
LANCIA.
LAND ROVER.
LEXUS.
MAZDA.
MERCEDES.
MITSUBISHI.
NISSAN.
OPEL.
PEUGEOT.
SEAT.
SKODA.
SUBARU.
SUZUKI.
TESLA.
TOYOTA.
VOLKSWAGEN.