
Aux grands maux, les grands remèdes. Alors que l’affaire mondiale des airbags Takata continue de faire parler et surtout de tuer, la France met un coup de pression sur les constructeurs automobiles. D’abord, par un rapport : sur demande du ministère des Transports en janvier dernier, l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD) a retracé la chronologie des faits, et interrogé les acteurs afin d’expliquer les raisons de la lenteur de la campagne de rappels, et de comprendre le rôle et la responsabilité de chacun. Rappelons que cette crise des coussins gonflables tueurs, a fait 18 morts rien qu’en France. Dans ce lot de 114 pages, épluchées par Capital, les experts incriminent clairement l’entreprise japonaise Takata, celle qui a conçu des airbags avec des défauts de fabrication de 2000 à 2013. (lien premier papier). On vous énumère les 7 données saisissantes à retenir du rapport officiel sur les rappels.
Les premiers accidents mortels liés aux airbags Takata ont eu lieu...
-2,5 millions : c’est le chiffre central, à la mi-juin 2025 en France, plus de 2,5 millions de véhicules étaient encore en cours de rappel. Parmi eux, environ 1,7 million étaient jugés dangereux au point d’être soumis à une procédure de “stop drive”, c’est-à-dire une interdiction totale de circuler tant que l’airbag défectueux n’a pas été remplacé.
-90% : contrairement à l’Allemagne, où 12 à 18 mois suffisent pour réparer l’intégralité des véhicules rappelés, la France enregistre des taux de réparation qui atteignent 90% dans les meilleurs des cas, et après quatre à cinq ans, pour une moyenne qui dépasse à peine les 40%. Le rapport pointe plusieurs raisons, comme l’âge des véhicules concernés et les carences du système d'immatriculation des véhicules (SIV) qui ne permettent pas toujours de retrouver les propriétaires après les différents cycles de revente, ou aussi le manque de réactivité de certains propriétaires qui ne perçoivent pas l’importance du message quand il leur est adressé.
-2 : selon le rapport, les deux premiers accidents mortels liés à des ruptures d’airbags sont survenus en mai 2009 en Oklahoma, et en décembre 2009 en Virginie, avec des véhicules Honda. Celles-ci sont expliquées par des défauts de fabrication et le mauvais fonctionnement de la presse utilisée pour compacter le nitrate d’ammonium. Le problème est déclaré à la justice américaine, qui ouvre une première enquête.
-1 milliard : après une amende civile record de 200 millions de dollars en novembre 2015, la justice américaine a infligé une autre lourde sanction, de 1 milliard de dollars, à l’équipementier Takata en février 2017. Une condamnation et une peine liées aux agissements de l'entreprise concernant la vente d'airbags défectueux.
-7,5 ans : le rapport souligne un point critique : la durée de vie minimale extrêmement réduite des premiers airbags Takata utilisant du nitrate d’ammonium stabilisé (PSAN). Dans des zones chaudes et humides comme Miami (États-Unis) ou la Guadeloupe (France), ces dispositifs de sécurité peuvent exploser dès 7,5 ans après leur fabrication. Le risque devient particulièrement élevé au-delà de 10 ans, surtout pour les modèles de première génération dépourvus de dessicant, c’est-à-dire sans agent absorbant l’humidité. Et les petites voitures sont touchées en priorité, comme la Citroën C3 en France.
-30 : le 9 avril 2025, le gouvernement a franchi un cap en imposant des mesures provisoires à 30 constructeurs automobiles aux véhicules équipés d’airbags Takata faisant l’objet d’un rappel. Cet arrêté les contraint à respecter une série d’obligations, sous peine de sanctions financières en cas de manquements, notamment quant à la mise en œuvre des rappels et du dispositif Stop drive.
-14 : dans ce document de 114 pages, la mission recense 14 recommandations principales pour enclencher, à la fois sur le court terme (rappels immédiats), le moyen terme (réforme du contrôle technique et nouveau système de surveillance automobile), une refonte systémique de la gestion des risques liés aux airbags Takata. Celles-ci couvrent l’ensemble de la chaîne de responsabilités, des constructeurs, aux autorités publiques, en passant par les réparateurs, les consommateurs, etc.
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