
Des airbags qui tuent, des constructeurs qui tardent à réagir. L’UFC-Que choisir ne lâchera pas l’affaire Takata de sitôt, et en remet même une couche aujourd'hui. L’association de défense des consommateurs annonce avoir déposé ce lundi 19 mai une nouvelle plainte pénale visant quatre groupes automobiles majeurs : les allemands BMW, Mercedes-Benz et Volkswagen (Volkswagen, Audi, Seat, Skoda) ainsi que le géant asiatique Toyota (Toyota, Lexus et Subaru). Cette initiative fait suite à une première action en justice engagée en janvier dernier contre le groupe Stellantis, maison-mère de Peugeot, Citroën, Opel, etc, bien que la dangerosité des airbags Takata soit connue depuis plus de 10 ans. En effet, ces équipements ont défrayé la chronique à cause du risque, avéré, d’explosion incontrôlée. Et donc de projection de fragments métalliques, pouvant provoquer des blessures mortelles, même lors de chocs mineurs, et ce dernièrement sur les modèles C3 et DS3.
Mais la plainte intervient aussi dans un contexte particulièrement alarmant, alors qu’un nouveau décès a été signalé fin mars en Guadeloupe, causé par l’explosion d’un airbag Takata défectueux dans un véhicule Toyota. L’association reproche à ces quatre nouveaux constructeurs une série de manquements graves :
-Des rappels tardifs, partiels ou inexistants, malgré la dangerosité irrécusable de ces équipements de sécurité connue depuis une décennie,
-une communication volontairement floue, imprécise, voire «trompeuse», : certains rappels minimisent le risque réel au regard de l’urgence du risque associé pour le consommateur, évoquant simplement un «effet protecteur attendu de l’airbag pouvant alors ne pas être pleinement garanti» et entraînant de simples risques de «blessures»,
-une absence de campagnes «stop-drive» (immobilisation immédiate des véhicules) avant l’arrêté ministériel du 9 avril 2025, malgré des mesures similaires initiées dès 2014 dans d’autres pays, et une gestion défaillante des rappels, sans consigne, ni accompagnement individualisé,
-une liste restreinte de modèles rappelés, bien en-deçà de celle désormais publiée par le ministère des Transports,
-l’utilisation prolongée de ces coussins gonflables incriminés jusqu’en 2017, voire juin 2020 pour certains modèles, alors même que les rappels étaient en cours.
L’UFC-Que Choisir exige la vérité, et la justice pour tous les propriétaires désabusés. Ces faits constituent des pratiques commerciales trompeuses, de la tromperie aggravée et une mise en danger délibérée de la vie d’autrui. Selon Marie-Amandine Stévenin, la présidente de l’association, chaque acteur doit agir et répondre de ses actes de tromperie, d’opacité et d’inertie dans cette affaire Takata de grande ampleur, car «des millions d’automobilistes demeurent exposés à un risque mortel, sans que les constructeurs ne les informent loyalement. Cela ne saurait rester impuni.» Et face aux potentielles répercussions sur l’ensemble du marché automobile, car le scandale dépasse le cadre de quelques marques, l’UFC-Que Choisir réitère sa demande pressante de la création d’une commission d’enquête parlementaire. Il s’agira ainsi de faire toute la lumière sur les responsabilités industrielles, y compris celles des pouvoirs publics, et de corriger les défaillances réglementaires ayant permis à ces véhicules de continuer à circuler en toute impunité.
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