
Ce lundi 17 février 2025 a marqué un nouveau tournant dans l’affaire des airbags Takata chez Stellantis. Ses marques Citroën et DS ont expressément demandé à 236 900 propriétaires de modèles C3 et DS3 du nord de la France, aux véhicules immatriculés entre 2008 et 2013, de les laisser à l’arrêt jusqu'au remplacement de leurs airbags. Ce qui n'était jusqu'alors pour ces conducteurs qu'un simple rappel, s'est ainsi transformé en injonction à ne plus prendre du tout le volant… Car oui, une expertise réalisée en ce début d’année à Nantes, a tout fait basculer : aux oubliettes la théorie de la ligne Clermont-Ferrand-Lyon, selon laquelle les airbags au nord de cette ligne étaient moins susceptibles d'exploser. Ce sont désormais les équipements de toute la France qui doivent impérativement être remplacés.
Ce rebondissement fait suite à une vaste campagne d'immobilisation, nommée «stop drive», lancée par le constructeur en mai dernier en Europe et au Maghreb, ainsi que dans le sud de la France et en Outre-mer. Et ce pour des questions de climat. Les coussins gonflables fournis par l’équipementier japonais Takata, et composés de cristaux de nitrate d'ammonium, seraient en effet sensibles à l’humidité et aux fortes chaleurs, que connaissent particulièrement ces régions. Et donc davantage susceptibles d’exploser au visage des conducteurs, et de provoquer des blessures graves, voire mortelles.
Les journées de Christophe Leguevaques sont donc une nouvelle fois un peu mouvementées. Cet avocat, chargé de regrouper les plaignants dans le cadre de l’action collective des Airbags Takata contre Citroën, nous explique son point de vue.
Capital. Qu’est-ce que cet énième rappel de voitures signifie ?
Maître Christophe Leguevaques. Vous avez raison de le qualifier comme cela car ce n’est certainement pas le dernier. L’année dernière, le groupe Stellantis, et sa marque Citroën, ont essayé de saucissonner la France avec une ligne magique qui coupait le nord et le sud, car ils n’étaient pas capables de gérer ces deux parties en même temps. Et le constructeur recommence en plus avec un morcellement temporel, en indiquant que tous les véhicules produits avant 2013 sont concernés par la nouvelle campagne d’immobilisation. Je dis depuis des mois que cette ligne imaginaire qui coupe la France en deux n’a aucune raison d’être, et que c’est seulement par commodité que le groupe l’a créée. Et que le constructeur a presque 10 ans de retard sur le monde entier, qui sait que ces airbags sont dangereux, voire mortels. Mais tôt ou tard, tous les véhicules produits après 2013 seront concernés aussi. En effet, parmi les faits que nous reprochons à Citroën, c’est qu’en 2016 quasiment tous les constructeurs avaient arrêté d’installer des airbags Takata sur leurs modèles. La marque, elle, a continué d’utiliser ces équipements en 2017, 2018, et 2019. Pourquoi ce retard par rapport aux autres ? C’est un gage de responsabilité…
Vous êtes en charge d’un recours collectif, alors espérez-vous agréger de nouvelles plaintes ?
Maître Christophe Leguevaques. Cette nouvelle annonce va surtout permettre à toutes les personnes qui sont dans le Nord de nous rejoindre et de réclamer réparation. Nous comptons déjà 2 700 demandeurs dans le cadre de l’action collective conjointe Airbags Takata, et laissons ouvertes les inscriptions à ce jour. Peut-être les propriétaires vont-ils attendre encore un peu, pour en savoir davantage sur cette affaire. Ou alors des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes, pourraient se manifester et porter plainte. Je ne sais pas ce qu’il va se passer.
Jusqu’où pourriez-vous aller ?
Maître Christophe Leguevaques. Les premières plaintes ont été déposées en juillet auprès du parquet de Versailles, la balle est dans son camp et nous attendons une réponse rapidement. Nous devons d’abord nous préoccuper des inscriptions françaises, mais nous pouvons très certainement envisager d’ouvrir l’action collective à l’international pour permettre aux clients en Europe, notamment en Italie, en Espagne et en Belgique, de nous rejoindre. D’après les informations diffusées par le service du contrôle du marché automobile il y a quelques mois, il y aurait potentiellement 8 millions de véhicules concernés par les airbags Takata en Europe. Ce ne sont pas forcément tous des Citroën et des DS, bien sûr, mais cela fait beaucoup. Nous sommes pour l’instant saisis par des conducteurs de Citroën, mais s'il y a des clients d’Audi, de Toyota, de Volkswagen, ou d’autres marques, qui nous approchent, nous réfléchirons pour faire constituer des plaintes différentes, car les faits reprochés ne seront pas les mêmes. Nous tenterons une approche plus civile, d'avoir été négligents peut-être, mais nous ne pouvons pas leur reprocher d’avoir commis une infraction, comme Citroën…(NDLR : l'avocat estime que Stellantis pourrait relever de plusieurs chefs d'inculpation, comme homicide involontaire, mise en danger de la vie d’autrui, coups et blessures, fraude et publicité mensongère.)
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