
C’est un type d’événement que Sophie ne s’attendait pas à vivre. Il y a trois ans, cette ingénieure en période d’essai dans une entreprise tombe enceinte de son petit garçon, Gustave. Naturellement, elle en informe le service des ressources humaines. «Je vois bien qu’il y a quelque chose qui ne va pas», explique-t-elle au micro de M6. Et pour cause : convoquée deux jours plus tard par la direction, elle voit sa période d’essai être rompue. Tombant des nues, elle ne comprend pas la décision de ses employeurs.
«Ils ne m’ont rien reproché du tout. J’aurais préféré qu’on ait une discussion sur mes compétences, mais ce jour-là, je n’en ai pas eu.» Décidée à agir, elle saisit le conseil des prud’hommes avec l’aide de son avocate, Me Anne-Laure Bélanger. Et trois ans après, la délivrance : la justice lui donne raison et condamne l’entreprise à lui verser 65 000 euros de dommages et intérêts. La juridiction a estimé qu’elle avait été victime d’une discrimination relative à sa grossesse.
La loi protège les femmes enceintes
«Le fait de s’être précipités, gênés par l’annonce de sa grossesse, à rompre la période d’essai, nous a presque aidés à démontrer que cette chronologie était un indice de discrimination», détaille ainsi son avocate. Contactée par la chaîne, l’entreprise se défend de toute discrimination et explique au contraire que Sophie a été remerciée pour cause d’insuffisances professionnelles qui lui auraient été partagées tout au long de la relation contractuelle. Pour rappel, la loi protège de toute discrimination les femmes avant, pendant et après la grossesse.
Mais pour beaucoup de femmes, il est difficile d’agir. Nombre d’entre elles pensent qu’elles n’obtiendront pas gain de cause ou craignent les représailles. Représailles qui, pour rappel, sont également condamnables devant la justice. Selon la Défenseure des droits, aujourd’hui, la grossesse est la troisième cause de discrimination, après celle liée à l’origine et celle liée au handicap.

















