
Vivre à la campagne serait un «amplificateur d’inégalités» pour les femmes. C’est ce que révèle une étude de l'Institut Terram et de l'association Rura publiée ce lundi 8 décembre. En effet, la faible densité démographique et l’éloignement constituent un piège économique pour les 11 millions de Françaises habitant en zone rurale, une sorte de «malus rural du genre». Par exemple, le fait de vivre à la campagne nécessite, pour un couple, d’avoir une voiture. Or, si ce dernier en possède deux, «Monsieur a souvent la plus récente et la plus fiable, tandis que Madame récupère la vieille voiture pour gérer le travail et les enfants», affirme Isabelle Dugelet, maire de La Gresle (Loire), village de 850 habitants, pour TF1 Info.
C’est pourquoi certaines femmes ne peuvent accepter des postes plus qualifiés ou loin de leur lieu de travail. De même, l’enquête fait état d’inégalités entre les hommes et les femmes au sujet des dépenses. «L'argent des femmes disparaît dans le quotidien, tandis que celui des hommes construit du patrimoine», confie Félix Assouly, de l'association Rura et co-auteur du rapport. Résultat : en cas de rupture, l’homme repart avec la maison et la voiture tandis que la femme n’a plus rien. 27 % des femmes vivant en milieu rural (21 % des urbaines) estiment qu'elles ne s'en sortiraient pas financièrement si elles venaient à se séparer.
Un engagement politique local plus faible
Si cet isolement géographique freine également l’accès aux soins, la domination de l’homme sur la femme est visible d’un point de vue spatial. «Monsieur est dehors» aux tâches valorisantes, «Madame est dedans», synthétise Salomé Berlioux, directrice générale de l'association Rura et co-auteure de l’étude. Isabelle Dugelet estime même que ce sentiment d’illégitimité s’exprime au niveau de l’engagement politique. Une femme va se demander «est-ce que je vais être compétente ?, une question qu'un homme ne se pose jamais», déplore l’édile.


















