Le manque de négociation salariale chez les femmes est un problème profondément ancré dans la société. Une étude montre que 48% des femmes n’osent pas demander une augmentation de salaire, un phénomène lié à la confiance en soi et au syndrome de l’imposteur. Mais au-delà de ces raisons, Morgane Dion, cofondatrice de Plan Cash, une application d’éducation financière et d’investissements pour les femmes, souligne que ce sont aussi les stéréotypes sociaux qui les freinent dans leurs démarches. Les femmes qui négocient sont souvent perçues comme trop autoritaires, ce qui explique pourquoi elles sont moins enclines à le faire. Ce phénomène, appelé «coût social de la négociation», affecte la perception que les recruteurs ont d’elles et explique pourquoi elles obtiennent moins souvent satisfaction, même quand elles osent négocier.

Une analyse plus récente montre cependant que les femmes négocient de plus en plus, voire autant que les hommes, dans certains secteurs et pays. Mais elles continuent de se heurter à des barrières systémiques et à une discrimination implicite au travail qui limitent les augmentations salariales qu’elles pourraient obtenir.

Pour Morgane Dion, il est essentiel de se détacher de l’idée selon laquelle ce serait uniquement un problème de confiance en soi. Pointer du doigt le manque de confiance comme raison principale revient en réalité à culpabiliser les femmes et à ignorer les mécanismes de discrimination structurelle. Les entreprises doivent changer leur approche pour inclure des politiques salariales plus transparentes et plus justes. L’experte rappelle également l’importance d’enseigner aux femmes, dès le plus jeune âge, à parler d’argent et à gérer leur budget, un apprentissage qui est souvent négligé dans l’éducation.

La parentalité, un frein à la progression de carrière des femmes

L’impact de la parentalité sur les carrières féminines est un autre sujet clé. Selon une étude d’OpinionWay, 40% des femmes estiment que la maternité a un effet négatif sur leur carrière, les empêchant d’accéder à des postes à responsabilité et donc à de meilleures rémunérations. Cela s’explique par la persistance des stéréotypes autour de la maternité. Les employeurs hésitent à promouvoir des femmes susceptibles d’avoir des enfants, craignant qu’elles ne s’absentent longtemps ou ne réduisent leur engagement professionnel.

En France, bien que le congé paternité ait été allongé, il est encore trop court pour réduire les discriminations liées à la parentalité. Morgane Dion avance l’idée d’un congé parental égal pour les hommes et les femmes, permettant ainsi de réduire les inégalités à l’embauche et d’alléger le fardeau des deuxièmes.

Pour lutter contre les inégalités salariales, la transparence des rémunérations au sein des entreprises est aussi essentielle. Rendre les salaires visibles permettrait de responsabiliser les managers et de réduire les écarts. Bien que des initiatives existent, Morgane Dion rappelle que l’index d’égalité salariale reste souvent insuffisant et qu’il est nécessaire de mettre en place des sanctions plus sévères pour les entreprises qui ne respectent pas les critères d’équité.

La cofondatrice de Plan Cash souligne également que la ségrégation des métiers selon le genre contribue à l’écart salarial. Les métiers majoritairement occupés par des femmes, comme les ressources humaines ou le soin, sont moins bien rémunérés que ceux dominés par les hommes, tels que la technologie. Une revalorisation des métiers occupés par des femmes, à travers des politiques publiques et des collaborations avec les entreprises, est donc nécessaire pour rétablir une véritable égalité salariale.

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