
L’inquiétude se renforce du côté des Papeteries de Condat, une entreprise historique en Dordogne, installée depuis plus d’un siècle sur les bords de la Vézère. En effet, les salariés de l’usine craignent une fermeture définitive d’ici la fin 2025, selon la Charente Libre. La raison : un manque de perspectives économiques suffisantes pour continuer. Mardi 2 septembre, des élus locaux et des délégués syndicaux se sont réunis pour alerter sur la situation de l’entreprise. Selon Philippe Delord, délégué CGT de l’usine, «le carnet de commandes tiendra jusqu’au 17 septembre». Après cette date, rien n’est sûr.
De son côté, le groupe Lecta reste très discret. Et les salariés l’accusent de «les laisser dans le flou». Et pour cause, selon un salarié d’une des lignes de production de l’usine, «la dernière machine ne tourne que 20 jours par mois» selon un salarié, faute de commandes suffisantes. Un fonctionnement qui oblige les salariés à se tourner vers d’autres activités au sein de la même entreprise, comme la maintenance ou le ménage.
Un fleuron de l’industrie au bord du gouffre
Les papeteries de Condat, fondées en 1907, ont très longtemps été la fierté de la région. À son apogée, l’entreprise employait jusqu’à 1 200 personnes. Mais arrêts après arrêts, le site est désormais fragilisé. En 2023, la ligne 4, qui était spécialisée dans le papier couché pour magazines et affiches, a été arrêtée. Le groupe Lecta avait pourtant consenti à de lourds investissements. L’entreprise avait fait l’objet d’une modernisation à hauteur de 82 millions d’euros. La région Nouvelle-Aquitaine avait d’ailleurs participé à hauteur de 19 millions, via un prêt à taux zéro qui n’est désormais plus remboursé depuis avril dernier. Le groupe Lecta avait aussi investi 56 millions d’euros dans une chaudière biomasse, avec l’appui de l’Ademe, de 14 millions d’euros.
Aujourd’hui, les salariés demandent une cession pour favoriser un repreneur. Sans cela, une vague de chômage massif est à prévoir dans la région. Déjà en 2023, 174 des 400 salariés ont été licenciés. Et parmi eux, à peine 45 ont réussi à retrouver un emploi stable. Pour Philippe Delord, le risque est celui d’un «désert social» dans la région. Pour l’heure, une piste de reprise sous forme de coopérative est discutée mais le délai est court. L’intersyndicale doit rencontrer Bercy le 11 septembre. Dans cette situation, la situation financière du groupe Lecta pèse très lourdement. Son endettement a atteint 550 millions d’euros, et selon un expert mandaté par le CSE, le groupe ne pourra pas honorer ses échéances en 2028.


















