C’est un fleuron de l’industrie française qui va baisser le rideau. Après Vedette, De Dietrich ou encore Sauter, c’est Brandt qui s’apprête à disparaître. Jeudi 11 décembre, le tribunal des affaires économiques (TAE) de Nanterre a prononcé la liquidation du groupe centenaire d'électroménager. Au total, 700 emplois sur le carreau juste avant Noël alors qu’un projet de Scop avait été lancé. Peu après cette annonce, le maire d’Orléans, Serge Grouard, s’est rendu sur place. Emu et en colère, il a poussé un coup de gueule contre cette décision.

«C’est une tragédie. Je suis écœuré, je suis en colère, car le gâchis est immense. On a un fleuron. Cette boîte était viable», a-t-il lâché devant le siège de l’industriel. Serge Grouard a rappelé que la mairie, la métropole et la région avaient mis près de 15 millions d’euros et l’Etat 5 à 6 millions. «Plus de 20 millions, c’est énorme. Il nous fallait quelques jours de plus», a-t-il lâché. Pourquoi du temps en plus ? L’édile a rappelé le contexte des dernières semaines à la suite du redressement judiciaire du 1er octobre.

A peine une semaine pour monter un dossier

Selon lui, les différents acteurs ont été prévenus qu’il n’y avait pas de repreneur seulement le 27 novembre pour un jugement le 3 décembre. «En quelques jours, il est très difficile de faire le tour de table bancaire. On a perdu deux mois c’est aberrant, absurde, scandaleux», a-t-il fustigé au micro de BFMTV. Avant de pousser encore un peu plus fort son coup de gueule : «J’en ai marre de ceux qui parlent de réindustrialiser la France. Je les invite à venir partager ce moment avec nous (...) je les invite à venir voir à l’intérieur les salariés.»

Et Serge Grouard d’aller encore plus loin : «Arrêtez de jouer, arrêtez de déconner. Si vous avez un peu des tripes, montrez-les et faites en sorte que cette boîte tourne !» Montrant le logo Brandt où il est inscrit en dessous «France», le maire d’Orléans s’emporte alors : «On va fermer la France pendant qu’on y est.» Sa colère n’étant pas retombée, l’ancien député LR a souligné que la part de l’industrie française dans l’économie était de plus de 20% il y a 25 ans. «C’est au tour de 9% aujourd’hui, on va bientôt arriver à 0», a-t-il laissé entendre.

Un règlement européen profitable aux Chinois ?

Surtout, il ne comprend pas comment avec un projet de Scop, on en soit arrivé à une telle situation. «On avait un projet de Scop et un repreneur, de l’argent public, qu’est-ce qu’il faut de plus ?» S’il a salué le travail du ministre de l’Industrie dans ce dossier, il a dénoncé un «système à bout de souffle», prenant pour exemple le règlement européen qui empêche Bpifrance d’aider les entreprises de plus de 250 salariés : «Les Chinois font quoi pendant ce temps-là ?», a-t-il interrogé. Et d’ajouter : «On est les imbéciles du village planétaire.» Selon lui, à ce jour, seul Jean-Louis Borloo dénonce ce problème devenu national. Il a enfin regretté que Brandt ne suive pas le même chemin que son voisin Duralex, sauvé «et qui tourne désormais».