
Le déploiement de l’intelligence artificielle dans le monde du travail n’est pas sans conséquences. Si l’IA a des avantages, permettant de gagner en productivité, d’automatiser certaines tâches ou encore de réduire certains délais, elle a des effets négatifs sur le marché de l’emploi. Selon les chiffres collectés par BFMTV, rien que cette année, plus de 25 000 emplois ont été supprimés dans les entreprises technologiques axées sur l’IA. On peut même ajouter à ce chiffre les 48 000 suppressions d’emploi chez UPS depuis le début de l’année.
Il y a quelques jours, Amazon annonçait également son intention de supprimer 14 000 postes dans des secteurs clés comme les ressources humaines, la division des appareils et des services ou encore celle consacrée à son service cloud. Le géant du e-commerce prévoirait même à terme de supprimer 30 000 postes de bureau. Si l’intelligence artificielle est un des facteurs expliquant ce chiffre, ce n’est pas le seul. Plus globalement, ces annonces interviennent en plein «shutdown» aux Etats-Unis, et comme tous les chiffres concernant l’ensemble de l’économie américaine ne sont pas disponibles, les investisseurs s’inquiètent.
Les cols blancs plutôt que les employés d’usine
Cité par BFMTV, le directeur général de 50 Park Investments à New York, Adam Sarhan, reconnaît que «les investisseurs se demandent ce que cela signifie. Et plus précisément, quel est le tableau d'ensemble puisque nous ne pouvons pas le voir». Il cite l’exemple d’Amazon qui leur «font penser que l'économie ralentit, qu'elle ne se renforce pas». Reste à faire le tri entre les différentes coupes dans les emplois. Des géants comme Procter & Gamble (7 000 emplois en deux ans) ou Target, qui va supprimer 1 800 emplois (8% de ses effectifs), ont des raisons différentes.
Le détaillant américain Target souhaite restructurer ses activités, tout comme Nestlé en Europe qui a décidé récemment de tailler dans ses effectifs. Le géant suisse de l’agroalimentaire prévoit de supprimer 16 000 postes dans le monde d’ici 2027, dont 12 000 cadres, pour accélérer sa transformation. Mais aux Etats-Unis, des sociétés comme Target ou Amazon se concentrent sur les cols blancs (plus vulnérables à l’automatisation liée à l’IA) plutôt que les emplois en magasins ou en usine.
Justifier les investissements dans l’IA ?
Les investissements dans l’IA justifient-ils ces licenciements ? Selon une étude de KPMG, les investissements prévus dans l’intelligence artificielle ont augmenté de 14% depuis le premier trimestre. D’après cette étude, près de huit cadres sur dix déclarent avoir subi des pressions afin de démontrer que l’IA permet d’augmenter les bénéfices ou réaliser des économies. Selon l’économiste chez Indeed Hiring Lab à Saratoga Springs, Allison Shrivastava, l’IA «a le potentiel d'avoir un impact sur le marché du travail», mais il ne «pense pas que cet impact soit très fort pour l'instant». Rien qu’en Europe, 20 000 suppressions de postes ont été annoncées au mois d’octobre.



















