
La nouvelle a provoqué une onde de choc dans le secteur du commerce. Le géant chinois de la fast fashion Shein a annoncé l’ouverture de six magasins physiques en France dans les prochains mois. La première boutique devrait être inaugurée en novembre au sein du BHV Marais, à Paris. Une implantation polémique, puisque l'enseigne est notamment décriée pour son impact environnemental et la qualité de ses produits, vendus à très bas coût. Dans ce contexte, Jean-Guilhem Darré , secrétaire général du syndicat des indépendants (SDI), qui défend les indépendants et les très petites entreprises, prend la parole dans Capital. Il exprime sa vive inquiétude au sujet des emplois que pourrait détruire l’arrivée de Shein dans l’Hexagone.
Capital : Quelle a été votre réaction quand vous avez appris le projet d’ouverture des magasins Shein sur le sol français ?
Jean-Guilhem Darré : Le secteur du commerce de l’habillement est déjà en grande difficulté, notamment parce qu’il est concurrencé par la vente en ligne et la grande distribution. Plusieurs enseignes comme IKKS ou Comptoir des cotonniers sont actuellement en liquidation judiciaire. L'implantation de Shein en France va instaurer une concurrence déloyale dans les centres-villes et ce sont les petits commerces de vêtements qui vont en faire les frais. Cela va contribuer à augmenter encore un peu plus la vacance commerciale dans les centres-villes, et à faire baisser la consommation de vêtements dans les commerces. C’est une très mauvaise nouvelle.
L'implantation des boutiques Shein à Paris pourrait-elle contribuer à détruire des emplois ?
Oui, clairement. Shein a pour objectif de vendre des produits de mauvaise qualité à des prix extrêmement bas. Leur but est de faire acheter des vêtements à moindre coût en permanence aux consommateurs. Cela aura forcément un impact sur la viabilité des commerces de proximité. Des milliers d’emplois sont directement menacés. Par exemple, chez IKKS, plus de 1 000 postes pourraient être bientôt supprimés. C’est une catastrophe. Il est important de stopper au plus vite l’implantation de Shein en France.
Quelles pourraient être les moyens d’actions pour freiner l'arrivée de Shein sur le marché français ?
En début d’année, un projet de loi «anti-fast fashion» a été déposé à l’Assemblée. Il vise à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile, ce qui est une bonne chose. Mais il n’a toujours pas été examiné par l’Assemblée nationale, en raison notamment de la dissolution. Il est important d’avoir un support juridique nous permettant d’agir, parce que pour l’instant, on a aucun moyen d'empêcher Shein de s’installer en France. Une des solutions pour lutter contre son implantation pourrait aussi venir de l’Union européenne, avec la mise en place de taxes sur l'impact environnemental des produits importés.



















