
Que se passe-t-il au sein de la Direction générale des Finances publiques (DGFiP) ? A en croire les informations de BFMTV, qui confirment celles du Monde, une vague de suicides inhabituelle frappe ses rangs. Rien qu’en six mois, treize agents ont mis fin à leurs jours, et six autres ont tenté de le faire. C’est beaucoup plus que la moyenne nationale, selon nos confrères, mais c’est surtout autant que lors de l’année précédente. De quoi alerter la direction ainsi que les syndicats, pour qui «la liste des victimes compte des hommes et des femmes, de tous âges, à Paris comme en banlieue ou ailleurs».
Selon Le Monde, cette terrible série noire a débuté le 10 janvier dernier. Un jeune agent âgé de moins de 30 ans (et dont les parents sont également agents des finances publiques) est retrouvé pendu dans les locaux de la DGFiP à Saint-Denis. S’en sont suivis donc, douze autres suicides à travers la France et huit tentatives. «Ce sont des drames qui traumatisent tout notre collectif, et des chiffres préoccupants. Je ne veux en rien les minimiser», concède auprès du Monde, la directrice générale de la Direction générale des finances publiques, Amélie Verdier.
Un «mal-être grandissant»
Tous les services sont concernés, toutes les classes d’âge et toutes les structures de la DGFiP. Face à ce constat, la direction a décidé de tenir une réunion ce mercredi 9 juillet, en présence de psychiatres, des ressources humaines et des syndicats. Mais du côté des syndicats, on dénonce les conditions de travail. «Les restructurations, les réorganisations, les suppressions d'emplois détruisent les conditions de travail», explique à RTL Sandra Demarcq de Solidaire Finance Publique, avant d’évoquer un «mal-être grandissant aux finances publiques».
Difficile pour autant, en cas de suicides, d’établir un lien avec l’environnement de travail. Auprès de Franceinfo, Sandra Demarcq évoque d’autres facteurs : «Les restructurations incessantes, les 32 000 suppressions de postes en 15 ans» ou encore «la perte de sens». Elle ajoute : «On devient des cliques-bouton et on s'aperçoit que beaucoup d'agents se questionnent sur leur utilité sociale», posant aussi la question de l’utilité des agents en cas de recours à l’intelligence artificielle.
Une enquête ouverte à la suite de chaque suicide
Pour la membre de la CGT, Véronique Pascalides, certains suicides peuvent être privés. Néanmoins : «Si tout va mal à la maison et que tout va bien au travail, on passe moins à l'acte. Donc, si c'est ce qui fait basculer, l'administration a son rôle d'éviter ce genre de choses.» Déjà en 2020, un rapport du syndicat Solidaires alertait sur les conditions de travail des employés des finances publiques, évoquant leur stress, les suppressions d’emplois et une perte de confiance.
Interrogé sur le sujet en commission des Finances à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Économie, Eric Lombard, a indiqué «suivre» la situation. Toutefois, il «estime que (la situation) n’est pas liée à des raisons ni d'organisation, ni de charge de travail, ni de management». La direction assure qu’une enquête sera menée systématiquement en cas de suicide désormais, et qu’une formation en santé mentale sera généralisée.



















