
La dégradation de la note de la France par Fitch, conjuguée à l'instabilité politique majeure que nous traversons et à la difficulté de boucler le budget pour 2026, pourrait entraîner une plus forte hausse du taux auquel l’Etat français emprunte (taux de l’OAT 10 ans). Or, ce taux sert aussi de référence pour la fixation des taux des crédits immobiliers des particuliers. Il est déjà passé de 3,24% au 1er janvier, à 3,40% au 1er août et à 3,55% au 1er octobre. Ce qui explique pourquoi les taux des crédits immobiliers ont cessé de baisser et sont même légèrement remontés en septembre, à 3,22% en moyenne sur 20 ans (+5 centimes), selon Cafpi.
Vont-ils progresser encore ? Vousfinancer pronostique une «relative stabilité dans les prochaines semaines», sans exclure «quelques hausses isolées». Si le coût du crédit résiste pour le moment aux aléas extérieurs, «les semaines et les mois à venir seront déterminants sur les conditions de marché offertes aux particuliers», commente Caroline Arnould, directrice générale de Capfi. En ligne de mire, «le contexte politique, avec une potentielle dissolution et une nouvelle dégradation de la note souveraine de la France, qui pourraient peser sur les taux», poursuit-elle. Sans nouveau choc, «les taux devraient se stabiliser, mais, à défaut, ils pourraient remonter à 3,50%, voire plus», analyse-t-elle.
Pas de flambée des taux des crédits immobiliers
Et, si les taux des crédits immobiliers devaient remonter, cela freinerait nécessairement la reprise du marché de l’immobilier. Pour l’heure, «elle semble belle et bien engagée, avec 925 000 ventes de logements anciens en France cette année, soit un rebond de 8,2% par rapport à 2024», selon Thomas Lefebvre, vice-président de SeLoger en charge des données. Selon lui, les prix pourraient progresser de 1% à 2% en 2025 et encore de 2% à 3% en 2026. «Le marché français affiche des signes encourageants, mais cette amélioration demeure fragile et très exposée aux variations de taux», note Yann Jéhanno, président du réseau Laforêt.
La Bourse de Paris à la traîne
Du côté des marchés financiers, les actionnaires français ne subissent pas le choc de la dégradation de la note française, mais ils ne sont à la fête non plus. L'indice phare de la Bourse de Paris, le CAC 40, évolue au gré des annonces politiques (-2% le jour de la démission de Sébastien Lecorun, avant de se redresser les jours suivants). Malgré ces soubresauts, il tient plutôt bon. Mais cette résistance est, elle aussi, fragile, et va dépendre de la suite des événements, notamment de la capacité du pays à se doter d'un budget pour 2026. Déjà, la performance du CAC 40 (+5,7 % depuis janvier) est bien inférieure à celle de ses voisins européens, plus dynamiques (+16,5 % pour le Dax allemand, +29,9 % pour l’Ibex espagnol, ou encore +24,33% pour le Mib italien). De quoi inciter les boursicoteurs à regarder ailleurs.
L’assurance vie est pour sa part l’un des rares placements à profiter de la situation actuelle. Car le fonds garanti et sans risque en euros qu’elle propose est massivement investi en obligations et pour partie en obligations de l’Etat français (OAT 10 ans, encore). Et, quand leur taux grimpe, le rendement théoriquement servi par l’assurance vie aussi. Il ne faut toutefois pas vous attendre à voir les performances flamber : les assureurs conservent encore un stock d’obligations anciennes, moins rémunératrices, qui diluent la hausse possible. Résultat : le rendement moyen attendu en 2025 devrait avoisiner 2,65%, proche des niveaux de 2023 et 2024.
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