Pour Donald Trump, le temps n’est plus à la réflexion. Après avoir imposé de nouveaux droits de douane en Asie, au Mexique ou encore sur l’acier et l’aluminium, le président américain a tranché pour l’Europe : dès le 1er août, les produits du Vieux Continent seront frappés de 30% de surtaxes. Une décision unilatérale alors que les discussions étaient encore en cours. Dans la lignée des propos tenus par l’ancien commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, qui a plaidé pour des «mesures anti-coercition» face à Donald Trump, le ministre délégué chargé de l'Europe a laissé entendre que la France pourrait utiliser le «bazooka» commercial.

Quel est-il ? Selon BFMTV, la France pousse en effet l’Europe à utiliser «l'instrument anti-coercition» (ACI) en cas d’échec des négociations avec les Etats-Unis. Il s’agit tout simplement du dernier instrument à activer en cas d’épuisement des voies diplomatiques. A quoi servirait-il ? A geler l’accès aux marchés européens ou à bloquer des investissements. «Dans cette négociation, vous devez faire preuve de force, de force, d’unité et de détermination», a lancé Benjamin Haddad, ajoutant que «nous pouvons aller plus loin» que les contre-mesures annoncées par la Commission européenne.

Un instrument comparable à l’arme atomique

Pour l’instant, l’UE envisage en effet des contre-mesures de près de 100 milliards d'euros de commerce américain. Par le passé, l’ACI a été pensé après que la Chine a menacé la Lituanie lorsque cette dernière a signé un accord avec Taïwan ou lorsque la Russie a mis la pression sur l’Europe dans le domaine de l’énergie. Sans être une taxe ou une loi fiscale, rappelle BFMTV, l’ACI peut permettre de toucher des entreprises d’un pays dont le gouvernement exerce une pression injustifiée. Si les services numériques peuvent être visés, ils ne sont pas les seuls.

Parmi les mesures envisagées, il existe la limitation des investissements étrangers, la restriction d’accès aux marchés publics, l’interdiction d’importation de certains produits ou même la suspension d’autorisation d’exercer à certaines entreprises. Des mesures économiques fortes souvent comparées à l’arme atomique dans le nucléaire. Toutefois, l’UE penchera-t-elle vers cette solution ?

Ursula von der Leyen plutôt frileuse

D’un côté, l'instrument anti-coercition peut mettre plusieurs mois à entrer en vigueur. En outre, l’UE a encore cet espoir de trouver des compromis, et si tel n’est pas le cas, une liste de produits à taxer a déjà été préparée. Les réponses européennes pourraient d’ailleurs se faire progressivement. Présent à Washington le 16 juillet, le négociateur commercial de l’UE, Maroš Šefčovič, tente toujours de trouver une solution. Ursula von der Leyen a aussi botté en touche concernant l’utilisation de l’ACI : «Nous n'en sommes pas encore là.» Car l’Europe le sait, un conflit commercial avec les Etats-Unis ne serait pas de tout repos et des représailles ciblées pourraient, un peu plus, agacer Donald Trump.